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Haïti - Patrimoine : Démolitions radicales
25/08/2010 14:54:42

Haïti - Patrimoine : Démolitions radicales
Les techniciens de l’ISPAN ont constaté le qu’un pâté entier, délimité par la rue des Miracles, la rue des Fronts-Forts, la rue du Centre et le boulevard Jean-Jacques Dessalines (Grand-Rue) dans le centre historique de Port-au-Prince, a été complètement rasé et les débris évacués. Ces constructions avaient été plus ou moins endommagées lors du tremblement de terre du 12 janvier dernier. Le Centre National d’Equipements (CNE) a mené cette opération vendredi 30 juillet 2010.

Cette opération de démolition s’est déroulée alors que l’ISPAN, dans le cadre du projet de restauration du Marché Hyppolite, situé à une centaine de mètres du bloc rasé, procède à une évaluation des valeurs et des potentialités architecturales des bâtiments des quatre blocs situés aux environs de ce monument historique, emblématique de la capitale haïtienne. Ce travail pilote, non encore achevé, a déjà permis d’identifier un certain nombre d’édifices à grande valeur patrimoniale. Des magasins à structure de fer et fonte, datant de la fin du XIXème siècle, de vastes halles en maçonnerie de briques d’argile parfaitement conservées ou aisément récupérables ont été listés.

Ces trouvailles, faites à partir de cet échantillonnage, confirment qu’il existe de nombreux autres spécimens du même genre dans tout le centre ville de Port-au-Prince. Ces démolitions aveugles qui feront, sans doute, place à de nouvelles constructions, obligent à réfléchir sur des questions liminaires telles : Que faut-il conserver ? Doit-on, ou peut-on tout conserver ? Doit-on tout démolir ? Quel apport l’ancien devra-t-il articuler dans le cadre de la reconstruction du centre historique de Port-au-Prince ? Ou à la question-mère : A qui appartient le Patrimoine ?

Dans divers pays et depuis fort longtemps, ces questions se sont posées, à un moment ou à un autre avec plus ou moins d’acuité. Les réponses apportées ont déterminé l’avenir des ces biens culturels que sont les centres historiques, tant du point de vue social qu’économique. Et bien des villes ont eu à regretter les choix de modernisation à-tout-va, ne prenant pas en compte l’Histoire, la Culture et l’Esthétique.

Durant des périodes de crise et de remise en question, le patrimoine s’est constitué en un point de repère permettant d’orienter la réflexion sur l’avenir de la société. Faut-il rappeler que la notion de conservation de monuments historiques est, dans une large mesure, une «création» de la Révolution Française, à travers laquelle les révolutionnaires de 1789 ont puisé les éléments de rassemblement et de cohésion de groupes épars à traditions féodales dans un effort de constitution d’une nation unie et forte. Plus près de nous, à la faveur de la crise du modernisme, dans de nombreux pays, dès les années 1970, la défense du patrimoine s’est transformée en locomotive d’une panoplie de questions allant du sens de la continuité à la préservation des valeurs régionales et nationales, en passant par le développement intégré. La cause du patrimoine s’est ainsi démocratisée, devenant non plus la seule préoccupation d’une élite, mais bien celle des diverses couches de la société.

En Haïti, le peu d’effort consenti jusqu’à présent à la préservation du Patrimoine et la réserve ou l’incohérence avec laquelle cette question est abordée dénotent les lacunes permettant d’appréhender justement ces notions et com- prendre les avantages qui pourraient en être tirés. Les églises, les bâtiments publics, les maisons gingerbread de Port-au-Prince, abimés ou pas par le tremblement de terre, tombent les unes après les autres. Le centre historique du Cap-Haïtien disparaît. Ceux de Jacmel, de Saint-Marc ou de Jérémie sont sévèrement menacés. Les vestiges des habitations sucrières ou caféières datant du XVIIIème siècle, comme les ouvrages militaires, témoins de la Guerre de l’Indépendance succombent face à l’urbanisation sauvage. Cela constitue, à n’en point douter, un appauvrissement culturel, mais tout aussi économique pour un pays qui n’est déjà pas doté de ressources suffisantes propres.

Conscience collective faible
Bien que la première loi sur la préservation du patrimoine culturel en Haïti date de 1940, ce sujet demeure encore circonscrit à la réflexion d’un groupe restreint de professionnels spécialisés et de quelques intellectuels. Et si la notion de la conservation des biens culturels ne se retrouve pas la place qui lui est due au cœur des débats et des combats actuels pour exiger l’amélioration du cadre de vie, c’est sans doute à cause de la quasi inexistence d’une conscience collective d’appartenance à une histoire commune et à un destin commun et dont le Patrimoine constitue le repère spatial et temporel.

Déjà avant le 12-Janvier, la capitale haïtienne offrait, à tous les niveaux, l’image de la confusion, du désordre et de la pollution. Un large effort de préservation du patrimoine offrirait l’occasion de redécouvrir certaines valeurs, à travers la redynamisation des espaces de mémoire et d’identité. Parce qu’il est porteur d’un enseignement précieux sur une certaine manière de vivre et qu’il véhicule un savoir-faire qui, à travers le temps, s’est enrichi de l’apport de milliers d’actes individuels qui ont contribué à l’acclimater à notre environnement antillais, notre patrimoine peut jouer un rôle important dans la recherche de pistes de solutions adaptées à notre environnement et à notre culture.

Pour cela, il faudra se démarquer de la vision à partir de laquelle le processus de dégradation et de destruction du patrimoine serait perçu de manière idéaliste comme le produit de l’ignorance et de l’inculture et où les efforts de préservation se transforment en une lutte pour la civilisation et contre les intérêts économiques et spéculatifs.

La sauvegrade du patrimoine, une activité productive
Il faudra aussi, prendre distance avec une certaine vision linéaire du progrès qui glorifie béatement tout ce qui est neuf et par conséquent dévalorise ce qui est ancien. Il s’agit en fait de retrouver à travers le patrimoine des points de repère, une certaine qualité de vie, pour re- découvrir des valeurs traditionnelles pouvant nous aider à inventer de nouveaux modes de vivre, de construire et d’habiter, ceci vu non dans une perspective nostalgique ou passéiste, mais plutôt dans le cadre d’une recherche critique du vrai, de l’essentiel, du transcendant susceptible d’être adapté de manière dynamique à la vie contemporaine. C’est pour cela que la préservation du patrimoine ne doit pas être considérée comme un luxe une «fantaisie de pays riches» mais plutôt comme une activité productive, une action de transformation qui permettra au patrimoine d’acquérir une plus-value sociale. La préservation du patrimoine devient dès lors une problématique politique puisqu’elle interroge le fonctionnement de la société, ses priorités, ses structures et ses choix de développement; puisqu’elle exige le respect de la population, de sa culture, de ses exigences et de son droit à des conditions de vie descentes.

D’autant plus que les fonds promis pour la Reconstruction d’Haïti, pour pour avoir des effets durables, devra contribuer également à la réhabilitation de notre culture, à la sauvegarde de notre patrimoine historique bâti, au renforcement des institutions nationales et, dans ce cas précis, des institutions de sauvegarde du patrimoine, en leur permettant d’assumer pleinement leur rôle. Ce renforcement institutionnel signifiera l’adoption d’un cadre légal adapté, la formation d’un personnel spécialisé et la mise à contribution de moyens proportionnels.

HL/ ISPAN

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