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Haïti - Social : «La pauvreté n’est ni une fatalité, ni une condamnation» (Dixit Supplice, discours)
09/11/2012 10:47:45

Haïti - Social : «La pauvreté n’est ni une fatalité, ni une condamnation» (Dixit Supplice, discours)
Daniel Supplice, le Ministre des Haïtiens vivant à l’étranger qui participait au premier Colloque national sur la lutte contre la pauvreté extrême est intervenu mercredi autour du sous-thème « Histoire et pauvreté d’Haïti »

Discours de Daniel Supplice :

« Chers amis,

Au début des années 2000, les experts de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), se sont rendu compte que les programmes d’aide au développement dans les pays à économie anémiée non performante, malgré l’annulation de leur dette externe dans certains cas, n’ont pas donné les résultats escomptés dans l’application d’une politique strictement économique et financière. Ils ont découvert que la priorité doit être d’abord la lutte contre la pauvreté pour être en phase avec le Millenium Challenge afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Ces institutions lancèrent alors, la grande messe des Documents stratégiques de Réduction de la Pauvreté dans le cadre de l’initiative visant à appuyer les pays connus sous le sigle PPTE (Pays Pauvre Très Endetté).

La majorité des gouvernements de ces dits pays, inscrivent la lutte contre la pauvreté dans leur programme d’action gouvernementale, parce qu’elle est une condition « sine qua non » à l’octroi d’aides financières internationales et sa concrétisation, passe par l’élaboration d’un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté. L’innovation de ce programme, par rapport aux programmes d’ajustement structurel classiques, est qu’il doit être élaboré avec la participation de la société civile locale. Mais, malgré le changement de nom, les institutions de Bretton Woods, considèrent encore que la croissance économique est une étape incontournable dans la lutte contre la pauvreté, avec une mention insignifiante sur la répartition des richesses.

Cette mobilisation de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International (FMI) et des autres organismes, dits de développement sur la problématique de lutte contre la pauvreté, a su susciter beaucoup d’espoir. Pourtant, de cette « guerre attendrissante » contre la pauvreté, il en ressort que la croissance et la création d’emploi ne sont pas synonymes de lutte contre la pauvreté, si parallèlement et prioritairement, on ne questionne pas la répartition de la richesse au niveau national. D’où l’importance de déplacer la question, de comment lutter contre la pauvreté, vers la recherche non seulement de l’origine de cette situation de pauvreté mais ne faudrait-on pas connaitre, étudier pour bien comprendre l’ensemble des mécanismes tant locaux qu’internationaux qui, historiquement ont crée cette situation et, aussi appréhender l’ensemble des paramètres tant locaux qu’internationaux qui continuent à maintenir un pays comme le nôtre dans cet état de pauvreté voir de misère.

Les documents stratégiques de réduction de la pauvreté élaborés par de nombreux pays, ont pris bien soin de définir la personne pauvre comme celle qui « manque de moyens financiers, matériels, spirituels, intellectuels, mentaux, culturels », autrement dit, qui n’a pas accès à l’emploi, à l’éducation, à un logement décent, aux soins de santé de qualité, etc. Le Larousse de son côté, définit la pauvreté, comme le manque de biens, l’insuffisance des choses nécessaires à la vie et le pauvre est celui qui ne possède rien.

Définir la pauvreté ainsi, comme un état, une chose manquante, ne relève pas que de la rhétorique, c’est plutôt un choix idéologique, l’objectif étant l’exclusion d’une dimension fondamentale de l’analyse de la pauvreté à savoir sa nature relationnelle. Or, la pauvreté n’est-elle pas le produit des rapports sociaux locaux, nationaux et internationaux ? Dans ce cas, la coordination politique constitue le défi le plus urgent à relever dans toute tentative de réduction de la pauvreté.

Pays riche pays pauvre !

Certains pays d’Afrique, pourtant pourvus d’or, de diamants, de pétrole, d’uranium que sais-je ? Continuent à connaitre la pauvreté et dans certains cas, l’extrême pauvreté pendant que dans d’autres régions du globe, des pays à espace limité comme Haïti, sans eau, sans ressources minières, sans pétrole et sans terre arable, non seulement connaissent l’autosuffisance alimentaire mais n’ont jamais connu de pauvreté endémique.

Un survol de l’Histoire nous démontre, qu’il existe une corrélation évidente entre colonisation, esclavage et pauvreté. En effet, il est facilement démontrable en lisant la carte de la pauvreté mondiale, de voir que la barre de la pauvreté se place presque toujours au Sud de l’Équateur. Si certains pays du Nord, ont connu au cours de leur évolution historique, des périodes de vaches maigres, il n’y a que les anciennes colonies qui ont connu ou connaissent toujours la douleur de la faim.

L’Afrique noire est mal partie. Les veines ouvertes de l’Amérique latine. La planète des bidonvilles ! Titres évocateurs comme s’il existait un certain déterminisme crucifiant !

Si l’Histoire conditionne et façonne notre perception du passé, c’est la politique qui doit tenir compte de cette Histoire et, proposer à la gestion du présent, la philosophie, la stratégie, les voies et moyens qui détermineront la marche à suivre, qui permettra à ces millions de nos frères et sœurs, qui vivent dans des conditions inhumaines, dans tous les ghettos du monde de rêver un jour d’avoir une vie simplement normale.

Haïti, pays pauvre !

S’il n’est pas aisé de produire des données exactes sur le montant des fonds envoyés en Haït, par la diaspora au cours de ces dernières années, les sources diverses estiment qu’entre 1998 et 2011 les transferts de devise sont passés de 327 millions à 1.57 milliards de dollars américains. Suite au séisme du 12 janvier 2010, les montants ont été estimés à 2.29 milliard soit 31% du PIB, quand on inclut les transferts informels. Par contre, pendant la même période, les investissements directs visant à la création d’emploi durable ne représente qu’environ 181 millions de dollars.

La contribution des transferts de la diaspora à l’économie nationale est extrêmement importante, puisqu’elle améliore indéniablement les conditions de vie d’une fraction importante de la population.

Sans aucun doute, toute baisse ou tout arrêt même momentané de ces transferts aura un impact négatif et contribuera, dans une large mesure, à l’appauvrissement de la population locale, tandis que, compte tenu du faible taux d’investissement direct, l’augmentation du montant de ces transferts, ne participera pas à la réduction de la pauvreté puisqu’elle n’aide pas à sortir graduellement des ornières du sous-développement chronique.

L’importance de la diaspora dans l’économie haïtienne ne fait aucun doute et les Haïtiens et Haïtiennes de l’extérieur, jouent un rôle déterminant dans la vie en Haïti mais, à moins de comprendre les mécanismes socio-historiques, qui ont généré et qui continuent à alimenter ce phénomène, on restera condamner à rêver du passage de la misère à la pauvreté à grand coup d’aide humanitaire, à forte présence d’ONGs.

Vouloir réduire la pauvreté, est une réflexion louable et responsable mais, la simple volonté de réduire la pauvreté trans-générationnelle, qui sévit en Haïti, ne suffit pas. En organisant ce colloque, le Gouvernement Martelly-Lamothe, indique clairement sa volonté inébranlable de créer l’espoir en permettant, à tous les enfants d’avoir accès à une éducation de qualité, outil indispensable pour un lendemain meilleur, dans une société juste, sans corruption et dans un environnement physique contrôlé.

Quant à la diaspora haïtienne, nous ne ratons jamais l’occasion de saluer son courage et son attachement viscéral au Pays, puisqu’elle continue, malgré ses propres déboires, à soutenir Haïti dans sa lutte contre la pauvreté.

Nous félicitons Rose-Anne Auguste notre collègue, Ministre déléguée, chargée des Droits humains et de la Lutte contre la Pauvreté extrême, d’avoir pris l’initiative d’organiser ce colloque et de nous avoir permis d’exposer notre point de vue.

La pauvreté n’est ni une fatalité ni une condamnation. Elle n’est pas non plus un problème économique, c’est la conséquence d’une Histoire mal gérée et le produit de politiques inadaptées.

Merci »

Daniel Supplice
Ministre

Lire aussi :
https://www.haitilibre.com/article-7106-haiti-social-reduire-de-11-le-taux-de-pauvrete-extreme-d-ici-2016.html
https://www.haitilibre.com/article-7064-haiti-social-premier-colloque-sur-la-lutte-contre-la-pauvrete-extreme.html

HL/ HaïtiLibre

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neptune
Posté le 09/11/2012 12:42:07
Bravo mr Supplice pour votre analyse du problème de la pauvreté en Haiti. La diaspora ne fait que retarder la prise de conscience du peuple face à ses élus qui ne font que s'enrichir avec cette arme qu'est la pauvreté acceptée et entretenue. L'État doit prendre ses responsabilités citoyenne, les besoins essentiels (nourriture, logement, soins de santé, sécurité, salubrité) relévent de l'État, pas seulement de l'Exécutif, (le législatif, le judiciaire, le municipal doivent jouer leurs rôles). La diaspora ne doit pas remplacer l'État [hors sujet] un peuple ne peut survivre à des oeuvres de bienfaisances, (associations régionales au niveau de la diaspora) il faut que l'État crée un Ministère d'aide sociale, que le citoyen démuni sache ou s'adresser, ne plus compter juste sur ses proches, famille et amis et l'international.
Galleria
Posté le 09/11/2012 12:33:11
Monsieur le Ministre, pensez-vous que nous pouvons continuer a dépendre des transferts de la diaspora pour subventionner notre économie? Je trouve la différence entre les transferts aux particuliers ($2,3 Milliards) et le montant d'investissement direct ($181 Million) énorme. Mais ce qui me parait encore plus alarmant, moins de 8% des transferts sont dédiés a l'investissement. Vu la somme non négligeable de ces transferts, je pense que nous devons essayer d'augmenter le taux d'investissement parmis ces transferts. C'est a dire entrer en partenariat avec des banques de commerce et d'investisement locales et internationales et offrir des véhicules d'investissement avec des avantages fiscaux a ces mêmes diasporas. Comme le fais l'Inde par exemple. Merci.
Fisher
Posté le 09/11/2012 11:36:18
« La pauvreté, comme l'esclavage et l'apartheid, n'est pas naturelle. Elle est produite par l'homme et peut être vaincue et éradiquée par l'action de l'homme. Et vaincre la pauvreté n'est pas un geste de charité; c'est un acte de justice, un acte de protection d'un droit humain fondamental, le droit à la dignité et à une vie décente. Tant que subsiste la pauvreté, il n'y apas de vraie liberté. » - Nelson Mandela, 2005
 




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