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Haïti - Social : Mgr Dumas pointe les lacunes de la reconstruction et dénonce les divisions
08/01/2013 10:35:06

Haïti - Social : Mgr Dumas pointe les lacunes de la reconstruction et dénonce les divisions
Mgr. Pierre André Dumas, Président de Caritas Haïti, pointe les lacunes de la reconstruction et dénonce les divisions qui minent le pays. Il appelle l’État, les ONG et les citoyens à s’unir.

Trois ans après le séisme qui a frappé Haïti, où en est la reconstruction ?
« L’élan qui a suivi le séisme s’est estompé. Une bonne partie des promesses n’ont pas pu être tenues. Il y a chez le peuple un goût de déception, les gens sont restés sur leur faim. Une partie de la population vit toujours sous les tentes [...] la reconstruction va prendre du temps. Il faut plus de volonté politique, de dialogue national, d’amour pour ce pays. Il faut laisser de côté les intérêts particuliers. »

Quel est l’état d’esprit de la population ?
« Les Haïtiens ont une capacité de résilience très forte, mais leur patience commence à s’affaiblir. Les gens veulent un changement rapide et concret. C’est pourquoi il y a beaucoup de manifestations dans le pays. Il y a du mécontentement, de la frustration, mais pas de résignation. Le peuple est en vie, il veut vivre en tout cas, mais on n’a pas encore trouvé la façon de s’asseoir ensemble de régler les contentieux, et de mettre le cap sur l’avenir. Des décisions courageuses doivent être prises. Le peuple attend ses dirigeants au carrefour.

Des voix s’élèvent pour dénoncer les effets pervers de la présence des nombreuses ONG dans le pays, qui empêcherait les Haïtiens de prendre leur avenir en main...

En effet, tant que le pays reste une république d’ONG, il ne peut pas avoir de projet propre, viable, durable. On aura toujours besoin de l’apport de nos amis, d’une coopération fraternelle, mais on doit tous essayer de pousser les responsables de la chose publique à avoir un projet fort pour Haïti, auquel les ONG peuvent s’intégrer selon leur vision et leurs compétences. Travailler au renforcement des structures de base, des collectivités territoriales, des institutions locales, tout cela est essentiel pour que les ONG n’aient plus besoin de « faire à la place de ». On a tous à gagner, État, société civile, ONG, à porter les dirigeants à assumer leurs responsabilités et à définir une politique publique claire. »

Vous parliez d’union nationale, sans laquelle rien n’est possible. Quelles sont les divisions qui minent le pays ?
« Le clivage central est celui qui existe entre les urbains et les ruraux. La question de l’intégration des masses rurales dans les affaires du pays n’a jamais été prise au sérieux. Pendant longtemps, ces gens ont été abandonnés, livrés à eux-mêmes : pas d’école, pas de possibilité d’acheminer leur produits locaux, aucun accompagnement au niveau de l’agriculture… C’est une grande injustice, et c’est encore un tabou aujourd’hui. Nous ne pouvons plus continuer à vivre dans un pays coupé en deux, avec d’un côté des villes qui ne sont plus des villes mais des bidonvilles, des bétonvilles, et de l’autre un pays rural qu’on appelle le « pays de l’en-dehors », coupé du reste. Si Haïti veut parvenir à une reconstruction durable, il faut veiller à une meilleure intégration dans couches rurales. Il faut penser des pôles de développement, de manière à décentraliser, en tenant compte des réalités locales. Il faut que le gouvernement central accepte de renoncer à des prérogatives, c’est la condition sine qua non pour le développement du pays. Il ne faut pas porter les gens vers Port-au-Prince ou d’autres grandes villes mais accompagner les populations locales là où elles se trouvent, à partir de leur richesse locale, de leur propre culture. Dans les Nippes, par exemple, on a beaucoup de belles plages, une nature merveilleuse… Il faut mettre en œuvre un développement harmonieux dans le respect de l’écologie, en facilitant notamment l’écotourisme et en soutenant une agriculture saine. »

L’agriculture est un levier économique potentiellement très important pour Haïti. L’État a-t-il une vision sur le sujet ?
« Depuis plus de 25 ans, on parle de la nécessité d’augmenter la production nationale. En réalité, elle n’a fait que chuter. Or le pays ne pourra pas se remettre debout si on n’encourage pas la production locale. Il faut accompagner les paysans et les cultivateurs, repenser notre politique de coopération. Nous importons par exemple du riz des Etats-Unis, ce qui tue l’économie locale. Les paysans ont été décapitalisés par plusieurs cyclones et suite au séisme : il faut recapitaliser ces paysans, leur donner des semences. Il y a un proverbe créole qui dit : si les paysans ne cultivent pas, les gens des villes ne mangent pas. Haïti était un pays agricole, il faut compter à nouveau là-dessus, faire des investissements importants dans ce secteur. On n’entend pas beaucoup d’engagement dans ce sens. C’est pourquoi Caritas et ses partenaires mettent l’accent sur l’accompagnement de l’agriculture et l’animation des zones rurales. Quand un paysan commence à vendre ce qu’il a lui même produit, on remet l’avenir du pays entre les mains de ses habitants. C’est l’agriculture qui remettra Haïti sur le chemin du développement. »

Quel a été le rôle de l’Église dans la reconstruction ?
« Depuis le séisme, l’Église haïtienne a été très proche de la population, que ce soit au niveau de l’accompagnement spirituel et psychologique mais aussi au niveau concret. Nous avons sillonné les quatre coins du pays, et grâce à nos antennes locales, nous avons pu atteindre la population partout où elle a été touchée. Nous avons d’abord travaillé dans l’urgence, apporté les premières aides, eau, tentes, kits d’hygiène. On a pu sauver des vies, secourir beaucoup de gens touchés par le séisme. Ensuite il y a eu la phase de réhabilitation, au cours de laquelle on s’est focalisé sur des priorités, comme la construction de logements dignes. On a également travaillé sur l’éducation, en reconstruisant des écoles, et en permettant de donner un plat chaud à chaque enfant. C’est très important ici car les familles ont de la peine à nourrir leurs enfants, et un enfant mal nourri ne peut pas étudier. Dans le secteur de la santé, nous avons travaillé avec l’UNICEF pour contenir le fléau du choléra, même si la maladie est toujours là et risque de s’étendre suite aux inondations dues à Sandy. Sur l’agriculture, nous avons mis en place dans les Nippes, avec Caritas Italie, un grand projet de réhabilitation de la plaine d’Abraham pour augmenter la production locale. Cette phase de réhabilitation, dans laquelle nous sommes toujours, est lente : il faut décaisser, faire le suivi des projets, rédiger des rapports, trouver de nouveaux fonds... L’Église va continuer à accompagner le peuple. Dans la reconstruction, il ne faut pas négliger la reconstruction de l’homme. Si nous aidons les gens à avoir conscience de leur dignité, alors une force tranquille naîtra, capable de changer les paradigmes et de transformer le pays. »

Propos recueillis auprès de Mgr. Pierre André Dumas, par Marina Bellot

HL/ HaïtiLibre

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Kool Groove
Posté le 08/01/2013 14:56:08
«L’Église catholique est le phare et le vigile de la politique haïtienne. Quand on n’écoute pas ses remontrances, l’abîme n’est pas loin.» D'ailleurs, il y a aussi bien d'autres signes avant-coureur... L'abandon de Richard Morse, l'ambiguité du Canada, les dérives de l'Arcahaie.... Tout ceci ne présage rien de bon pour l'équipe en rose. But, I am willing to be wrong.
Kenley
Posté le 08/01/2013 12:41:11
L'eglise et l'etat se donne la main. En terme de reconstruction l'Église et l'État sont dans l'attente. L'aide promise n'arrive pas a se matérialiser et personne ne peut admettre qu'il existe une fatigue au niveau de l'étranger envers nos institutions.
 




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