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Haïti - Culture : Lancement du «Programme National d’Inventaire du Patrimoine Culturel» (Discours de Mario Dupuy) 23/09/2012 11:37:41
« Mesdames, Messieurs, Chers invités, On estime souvent que l’État devrait consacrer plus d’effort à la protection et à la promotion de notre riche patrimoine tant matériel qu’immatériel. Depuis le 12 janvier 2010 pourtant, les efforts se sont multipliés, tant au niveau national qu’au niveau international. Je prends occasion ici, pour féliciter et remercier les Directeurs Généraux des organismes sous tutelle pour le généreux déploiement d’énergie dont ils ont fait montre, pour sauver notre patrimoine documentaire, protéger notre patrimoine bâti, mis à l’abri des œuvres d’art menacés et restaurés celles qui furent abimées et surtout, recommencer à travailler avec encore plus de dévouement à cette mission sacrée, de veiller sur ce temple de notre mémoire, qu’est notre patrimoine culturel. Ils n’étaient pas seuls, c’est toute la société, qui a participé à cet extraordinaire chantier. Je voudrais aussi remercier et rendre hommage, à tous ces acteurs de la société civile dont l’engagement a été déterminant pour limiter les dégâts. Je remercie enfin, mais, pas avec moins de reconnaissance, la Communauté Internationale, qui s’est mobilisée très rapidement pour nous aider, soit ponctuellement sur des opérations d’urgence de sauvegarde, soit de façon plus structurante pour la mise en place de mécanismes plus performants de protection et de promotion. Je voudrais citer l’UNESCO, l’Union Européenne, l’OIF, la BID, la Banque Mondiale, la coopération française, la coopération américaine, la coopération espagnole, la coopération canadienne, la coopération brésilienne, mexicaine, cubaine, vénézuélienne, dominicaine… Je m’arrête et je demande pardon à ceux que j’aurais omis de citer. Merci à vous tous et j’ai le grand plaisir, en ce jour de la « journée nationale du patrimoine », que nous avons choisi pour lancer le « Programme National d’Inventaire du Patrimoine Culturel, (PRONIPAC) » de déclarer haut et fort que nous passons à une autre étape de la reconstruction. Comme vous pouvez l’avoir remarqué, depuis plus d’une semaine, les travaux de démolition des restes du Palais National s’intensifient. Qu’on y voit par là plutôt le signal éloquent, que le Président de la République, son Excellence Monsieur Michel Joseph Martelly, lance à l’attention de tous. Qu’on l’entende comme le son du lambi du marron inconnu dont la flamme a été ravivée, qu’on le comprenne comme la réponse courageuse à l’injonction de tous les haïtiens « Haïti relève toi ! ». Qu’on sache que nous reprenons la marche trop souvent contrariée, vers un devenir à la hauteur de notre idéal d’une fière Haïti. Le Programme National d’Inventaire du Patrimoine Culturel (PRONIPAC) est un geste de l’État haïtien, qui invite toute la population à recouvrer sa mémoire, à reconnaitre son génie, marquer son territoire, hériter activement de tous les biens laissés à nous par nos ancêtres. C’est une question de droit, nous rentrons effectivement dans nos droits. C’est pour cela que nous avons choisi ce slogan : « AYITI SE PATRIMWAN PA M ! ». Depuis au moins 70 ans, avec la création du Bureau National d’Ethnologie, nous nous sommes engagés dans cette démarche de collecter, d’inventorier et de documenter notre patrimoine culturel. Qu’hommage soit rendu ici aux illustres figures de Jacques Roumain et de Jean Price Mars qui ont su, à une époque où nous ne savions quelle direction prendre, indiquer un chemin, pardon, indiquer LE chemin. A leur suite, nombre d’écrivains, d’artistes et de scientifiques s’y sont engagés et ont fait connaitre Haïti, à l’intérieur et à l’extérieur, comme ce pays riche de sa culture. Il faudrait citer toute une galerie de noms qui ont contribué à notre prise de conscience que nous sommes nègres et beaux ! Il faut faire vibrer des noms tels Jean Baptiste Romain, Gerson Alexis, Lorimer Denis, René Victor, Emmanuel C. Paul et j’en passe. De 1940 à nos jours, un ensemble de textes législatifs régulent le secteur du patrimoine. Haïti a ratifié nombre de conventions internationales relatives à ce domaine et nous allons compléter le dispositif, sachant que le patrimoine culturel, participe de la qualité de l’éducation, de la croissance économique, de l’épanouissement de nos concitoyens, du développement global de notre pays. Mesdames, Messieurs, le lancement de ce programme invite les intellectuels, les artistes, les entrepreneurs, les jeunes, de toutes les couches de la société, à réfléchir et à agir dans le sens d’une valorisation de cet héritage extraordinaire, que nous portons tous. Nous sommes invités à reconnaitre nos différences, en les respectant et en les valorisant, car c’est la diversité qui fait la richesse, invités à apprécier notre environnement bâti et naturel afin de préserver le beau, invités aussi à exprimer la profondeur de notre être au monde, à travers nos arts et nos traditions. Cependant, cette invitation encourage aussi l’utilisation des moyens modernes de production et de communication. Il ne s’agit pas de regarder en arrière, en restant dans cette attitude de contemplation stérile, mais plutôt de bien s’ancrer dans ce que l’histoire a fait de nous pour que nous puissions encore faire l’Histoire. Mesdames, Messieurs, cette journée est spéciale à plus d’un titre. Saviez-vous que c’est la date d’anniversaire de notre Jean Jacques Dessalines ? Peut-être pas, puisque le choc de son assassinat a fait retenir plus facilement celle du 17 octobre. En tout cas, j’ai le grand plaisir de vous annoncer, dans le cadre du PRONIPAC, la création du Registre National du Patrimoine. A ce registre est inscrit aujourd’hui quatre éléments représentatifs de notre patrimoine culturel : Premièrement, un jeu que nous avons tous connus depuis notre enfance et qu’on ne joue plus assez. Pourtant, il requiert pour gagner, un trésor d’intelligence, d’intuition mathématique dont savons faire preuve. Il s’agit du « JWET KAY ». Le deuxième élément est un art martial de la plus grande élégance, il nous vient principalement de Desdunes, cette petite commune connue pour sa production de riz dans la vallée de l’Artibonite. Il s’agit de « l’art du bâton » et vous pouvez croire ses pratiquants, en plus d’être élégant ul est d’une efficacité redoutable. Le troisième est un conte, un de ces contes haïtiens qui sait comment à travers une symbolique subtile, nous donner les indispensables leçons de la vie. C’est le conte « Tezen nan dlo ». Le quatrième, est ce magnifique spectacle que nous voyons non seulement à l’ occasion du Carnaval mais aussi dans les Rara à travers tout le pays. A mes yeux, c’est l’un des plus éloquents symboles de cohésion sociale puisque l’ensemble des danseurs construisent, autour d’un poteau, une véritable œuvre d’art. Il s’agit du « Treseriban ». Dans quelques minutes, Mesdames et Messieurs, nous allons partager le plaisir d’un spectacle où ces pratiques sont mises en scène. A Port-au-Prince et dans certaines villes de province, des conférences et des spectacles ont été organisés sur le thème du patrimoine culturel en général et sur ces pratiques en particulier. J’espère que d’année en année, cette célébration s’amplifiera et qu’ainsi, nous pourrons offrir à nos compatriotes et au monde, une occasion de ressourcement exceptionnelle. Je disais tantôt qu’il ne s’agissait pas de contempler stérilement le passé, j’ai le grand plaisir aussi de vous informer que bientôt, le Ministère de la Culture va soutenir un concours qu’organise le Conseil National des Télécommunications (CONATEL) qui vise à encourager les jeunes créateurs à numériser notre patrimoine ludique en les proposant comme jeu électronique. Bientôt donc, le « JWET KAY » sur vos écrans d’ordinateurs. Attention, c’est réservé aux enfants ! Plus sérieusement, un Comité scientifique sera mis sur pied dans le cadre du PRONIPAC pour examiner et documenter ces éléments d’une part et d’autre part, examiner les données que nous allons recueillir suite à l’appel à contribution volontaire qui sera lancé pour recueillir d’autres éléments de notre patrimoine culturel. En effet, un appel sera lancé et une base de données nationale sur le patrimoine est en construction. Les éléments recueillis enrichiront, après traitement, nos connaissances sur nous-mêmes, non seulement en fournissant du contenu sur internet, mais surtout à l’école dans le cadre du programme d’éducation culturelle et artistique, dans le système scolaire et parascolaire, que j’ai eu le plaisir de lancer jeudi dernier avec le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle et le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique. Comme vous l’avez compris, Mesdames et Messieurs, ce programme est issu d’une convention tripartite avec les universités d’État d’Haïti et de Laval. En plus du devoir d’appliquer la règle de la continuité de l’État, nous avons compris qu’il fallait donner une dimension véritablement nationale au programme d’inventaire en assumant pleinement notre responsabilité, de mettre en place des structures et des mécanismes, pour non seulement lier les différentes bases de données sur le patrimoine culturel haïtien, mais aussi, pour en assurer la protection légale, afin que leur exploitation rapporte à qui de droit. C'est-à-dire, nous-mêmes. AYITI SE PATRIMWAN PA M ! Les perspectives sociales, culturelles, esthétiques et économiques que le PRONIPAC autorise, comme vous pouvez l’imaginer, sont d’envergure. C’est donc un travail colossal qui ne saurait se passer de la société tout entière, mais aussi du soutien de nos amis étrangers. Le Gouvernement, sous le leadership éclairé de S.E Monsieur Michel Joseph Martelly, s’est engagé dans la reconstruction sur tous les plans et particulièrement sur ceux de l’Éducation, de l’Environnement, de l’Emploi et de l’État de Droit. Le PRONIPAC s’intègre totalement et de manière transversale dans ce programme. C’est pour cela, qu’il est pour le Ministère de la Culture, un programme fondamental et prioritaire et qu’à ce titre, nous le concevons comme devant se poursuivre de façon permanente tant que nous voudrons que notre pays existe. Comme je vous le disais, nous allons lancer un appel à contribution volontaire pour engranger des données. Je voudrais pour finir lancer un autre appel de ce pupitre. C’est l’appel à la création de la Société Haïtienne des Amis du Patrimoine. Au Ministère de la Culture, nous étudions déjà la forme légale que pourrait prendre cette société, elle pourrait participer au financement des recherches sur notre patrimoine, à sa promotion à travers le pays et au monde en soutenant par exemple le « Festival des Arts et des Traditions Populaires » que nous comptons organiser en avril 2013. Mesdames, Messieurs, encore une fois, je vous invite à vous approprier de notre slogan : AYTITI SE PATRIMWAN PA M ! Merci Jean Mario DUPUY Ministre de la Culture » HL/ HaïtiLibre
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