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Haïti - Politique : Le rôle politique des gangs en Haïti 04/06/2019 11:28:13 Rappelons que les analyses publiées dans ce rapport sont issues des données recueillies auprès de représentants et leaders de plus de 600 groupes organisés de la Nation. Extraits du Rapport États Généraux sectoriels de la Nation (1.1.1) : « […] Un jeu à somme nulle est une partie où le gain de l'un constitue une perte pour l'autre. C'est cette image qui s'impose aux acteurs politiques en Haïti : la politique est un jeu à somme nulle, avec un vainqueur et un vaincu. L'élément déterminant de la victoire n'est pas la qualité de l'offre politique, le talent et l'ingéniosité, mais la force ; une leçon tirée de l'expérience de ce qui marche dans le combat électoral en Haïti depuis l'adoption de la Constitution en 1987. Seuls les candidats qui disposent de la force de violence (groupe armé), de l'argent, et des réseaux adéquats sont en mesure de gagner les élections. Donc, il faut être dans la position du plus fort. D'où une quête de puissance qui conduit à une forme de criminalisation politique. Le politicien cherche l'appui des secteurs qui pratiquent la violence, en échange de protection. Les participants établissent un lien entre la prolifération des gangs dans les quartiers difficiles avec cette stratégie politicienne. […] Les autorités marginales ou de substitution se multiplient dans des quartiers dits sensibles, et rançonnent la population à longueur de journées. Dans ces quartiers, ce sont ces individus armés qui organisent la vie de la population, qui assurent la collecte des taxes pour des services publics comme l'eau et l’électricité […] […] Le besoin de soutien des gangs dans la bataille politique où il doit nécessairement y avoir un vainqueur est la base de l'insécurité qui se généralise au cours de ces dernières années. Le représentant d'une organisation basée au Pont-Rouge fait remarquer que les jeunes des quartiers pauvres n'ont d'autre alternative que de prendre les armes. Il se demande “Comment l'État peut-il aider les quartiers populaires à sortir des griffes des bandits. Comment il va faire pour sauver les jeunes qui n'ont pas encore pris les armes ? Il faut que l'État cesse d'encadrer les hommes armés, il faut encadrer de préférence les membres des organisations, créer des écoles professionnelles, écoles artistiques, des centres sportifs“. Un autre responsable d'organisation évoluant à Village Démocratie, Fort Dimanche, décrit un tableau sombre de la situation des habitants de son quartier “Les habitants ne se sentent pas en sécurité, nous ne recevons aucune visite des autorités. Pas de latrine, on ne vit pas comme des êtres humains. On est né sans emploi, on se sent exclus“ ajoutant que ”la seule école professionnelle est la manipulation des armes à feu“. Pour le politicien traditionnel, les gangs apportent un soutien qui fait souvent pencher le rapport de force à son avantage. À l'occasion des élections, ces groupes permettent en effet d'intimider les candidats adversaires de vandaliser les bureaux où ils ont une avance significative, d'arracher le vote d'électeurs “ignorants” etc.… Ces violences s'ajoutent aux autres pratiques permettant de gagner des élections ou d’accaparer le pouvoir en dehors des règles légitimes. Il s'agit notamment de l'achat de votes, la corruption de responsables de bureaux de vote ou de conseillers électoraux. Me Julien voient dans ces pratiques la base de l'effondrement du pays “Les vrais responsables du déclin d'Haïti sont nous-mêmes. Nous-mêmes dirigeants, pour avoir accepté notre accès à un pouvoir acquis en dehors d'une structure citoyenne réelle et n'avoir rien fait pour corriger cette anomalie ; Nous-mêmes électeurs, pour n'avoir pas la saine liberté de notre choix lors des élections et malgré ce handicap, en plein XXIe siècle nous continuons à voter encore contrairement à nos voisins pour notre malheur”. Ces pratiques signifient la négation de la Constitution, des institutions démocratiques, des Droits et libertés fondamentales des personnes, des intérêts de l'État, de la souveraineté appartenant à l'ensemble des citoyens. Négation qui débouche sur le chaos des prétentions politiques rivales : chacun surestime sa capacité à diriger le pays, et nie aux autres cette prétention […] qui se caractérise par un conflit fondamental entre les règles du jeu politique consacrées par la Constitution de 1987 et les règles traditionnelles émanant des expériences des violences propres à la période dites des baïonnettes, génération après génération ; les premières sont refoulées au profit des secondes. Le pays s'enferme de cette façon, depuis l'indépendance, dans une spirale d'instabilité politique faite de scissions en plusieurs États : de guerres civiles, d'insurrections, de coups d’État et de dictatures. […] » Téléchargez le rapport complet (PDF en français) : https://www.haitilibre.com/docs/EGSN-RAPPORT-15-Avril-19-Gouvernance-politique-economique-socioculturelle.pdf HL/ HaïtiLibre
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