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![]() Haïti - 222e du drapeau et de l’Université : Discours du Recteur de l’UEH 19/05/2025 09:46:08
« […] Mesdames, Messieurs, En ce jour mémorable du 18 mai, nos pensées doivent d’abord se tourner vers les artisans de notre liberté, ceux qui ont versé leur sang pour que flotte cette bannière, symbole de notre indépendance, de notre unité et de notre résilience. Ce drapeau que nous chérissons tant, incarne les valeurs de courage, de dignité et de fraternité qui doivent guider chacun de nos pas, au sein de l’université et de la société haïtienne. La célébration de la fête de notre bicolore et de l’Université, ici au Cap-Haïtien, loin de son sanctuaire historique qu’est l’Arcahaie, traduit de façon poignante la réalité d’une Nation en proie à une crise multiforme, inédite dans son ampleur. La société haïtienne est menacée dans son existence même. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui questionnent notre capacité à faire communauté ensemble. L’heure n’est plus au blâme, mais à la reconnaissance de nos faux pas collectifs et à la nécessité de prendre, ne serait-ce qu’une seule fois, notre responsabilité. Depuis plus d’une décennie, nous n’avons pas su empêcher que la violence gangrène nos communautés, créant des zones de non-droit, des enclaves de peur, de silence et de deuil. Les plus vulnérables, principalement dans nos bidonvilles, ont payé le plus lourd tribut. Arrachés à leurs maisons, massacrés devant leurs proches, contraints à l’exode, ils errent aujourd’hui dans des camps de fortune : églises, écoles, places publiques, bureaux de l’État. La violence a franchi les murs, elle a contaminé nos espaces autrefois sécurisés. Elle est sans destination apparemment. L’élite intellectuelle et économique, étudiants, professeurs, investisseurs, cadres publics et privés sont exilés par l’instabilité. Quelle famille haïtienne ne compte pas une victime de kidnapping, de meurtre, d’exil forcé ? Quel secteur économique n’a pas été sinistré ? Nos aéroports se vident, nos ports s’endorment, nos madan sara ne peuvent plus traverser d’un Département à un autre. L’inflation dévaste les foyers, le chômage pulvérise les repères. Et que dire de l’Université d’État d’Haïti ? Elle est aujourd’hui l’un des symboles les plus criants de l’impact de cette violence aveugle. Les onze entités de Port-au-Prince sont toutes touchées. Des structures vandalisées, pillées, inaccessibles ; des milliers d’étudiants, des centaines de professeurs et de membres du personnel administratif dans l’impossibilité de poursuivre leur mission. La Faculté de Linguistique Appliquée abrite à ce jour des centaines de déplacés. Le Rectorat, déjà exigu, tente de remplacer les espaces disparus ou contrôlés par les gangs, avec des moyens limités. La survie de l’UEH en tant que patrimoine historique c’est un défi qui transcende la responsabilité du Recteur mais qui doit interpeler l’ensemble des acteurs de la société. Car nous sommes confrontés à l’urgence de relocaliser nos facultés qui sont sans adresses fixes ; de développer des cours en ligne, de décentraliser et de diversifier nos offres de formation notamment pour implanter un campus de l’UEH dans le Grand Sud et des instituts de cycle court un peu partout à travers le pays. À ce titre, j’en profite pour saluer l’appui du Gouvernement et du Ministre de l’Éducation Nationale qui nous a permis d’œuvrer à la location d’espaces provisoires pour assurer une continuité minimale. Mesdames, Messieurs, Nous sommes à un tournant inquiétant. Mais notre histoire regorge d’exemples d’hommes et de femmes qui ont su relever les défis les plus redoutables. Depuis 1919, grâce à l’initiative de Dantès Bellegarde, la fête de l’Université est célébrée conjointement avec celle du drapeau, conférant à la jeunesse haïtienne la responsabilité sacrée de veiller sur ce symbole de notre indépendance. Plus qu’un geste symbolique, c’est un appel au sursaut national, un pacte moral entre les élites et les masses pour l’avenir de notre nation. La crise actuelle découle en grande partie de la rupture de cette union sacrée. C’est pourquoi, l’Université d’État d’Haïti, sous la direction du nouveau Conseil Exécutif que j’ai l’honneur de présider, s’engage à restaurer ce lien brisé et à contribuer activement à la reconstruction du tissu social. Il est urgent que l’Université soit intégrée de manière stratégique dans la réflexion et la mise en œuvre des politiques publiques, et qu’elle joue pleinement son rôle dans la formation des cadres et la consolidation de l’État. Par ailleurs, nous saluons avec enthousiasme la décision conjointe du Gouvernement français et du Conseil Présidentiel de Transition, en date du 17 avril 2025, d’instituer une Commission mixte franco-haïtienne, à l’occasion du bicentenaire de l’imposition de l’indemnité de 1825. Cette initiative représente une étape majeure vers une lecture partagée de notre histoire. Le Conseil Présidentiel de Transition a confié à l’Université d’État d’Haïti la noble mission de coordonner les travaux du Comité National Haïtien de Restitution et Réparation (CNHRR). Dans cet esprit, nous avons d’ores et déjà engagé des consultations avec les universités publiques et privées, ainsi qu’avec la société civile, en vue de finaliser la composition de ce Comité, tout en tenant compte des contributions antérieures. Notre ambition est de faire de ce comité une passerelle solide, un véritable pont entre Haïti et la France, d’abord pour garder de manière vivante la mémoire de l’esclavage, cette injustice historique à conséquences multiples. Ensuite pour continuer le combat pour la restitution et la réparation de la double dette de l’indépendance. Chers compatriotes, Oui, les forces du chaos ont voulu nous éloigner de notre lieu emblématique, mais le choix du Cap-Haïtien pour cette célébration n’est pas anodin. Il porte un message fort de résilience, à l’image de Capois-La-Mort pour qui “boulèt se pousyè” et dont la bravoure à Vertières a changé le cours de notre histoire. Il n’a pas inventé le mot résilience, mais il en a été la plus éclatante incarnation. Puisse ce modèle nous inspirer aujourd’hui pour bâtir un nouvel avenir. Et à vous, chers étudiants de l’Université d’État d’Haïti, des universités publiques et privées, principalement vous qui avez dû fuir vos foyers, abandonner vos rêves et vos bancs d’école, je vous dis : ne renoncez pas ! Vous êtes les bâtisseurs de demain, les garants de la mémoire et les artisans du renouveau. C’est à vous qu’il revient d’écrire la suite de notre histoire. Vive la jeunesse haïtienne ! Vive l’Université d’État d’Haïti ! Vive le drapeau haïtien ! Vive Haïti ! Bonne fête de l’Université ! Bonne fête du Drapeau à toutes et à tous ! » HL/ HaïtiLibre
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