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«Seules dans la nuit» 03/05/2010 19:53:18
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Le drame
Des milliers de femmes et de fillettes vivant dans les 1300 camps provisoires en Haïti (identifiés et dispersés en Haïti selon l’ONU, certains ayant une population supérieure à 50,000 personnes) sont menacées chaque jour par des prédateurs sexuels «La violence sexuelle est largement présente dans les camps» affirme Chiara Liguori, d'Amnesty International de Port-au-Prince. |
Une organisation de femmes locales, a rapporté 19 cas de viol, seulement dans une partie du Champ-de-Mars, à Port-au-Prince. Aucune des femmes et des filles n'avait signalé les agressions à la police par crainte de représailles de leurs agresseurs, l’entourage des victimes ne cherche pas à identifier et à poursuivre les agresseurs : l’impunité règne, ce qui normalise la violence et en justifie l’utilisation. Les prédateurs sexuels, choisissent leurs proies dans les camps sachant très bien que le manque de moyens des forces de police et la quasi destruction du système judiciaire leur permet d’agir en toute impunité.
Dans certains camps, la pratique «sexe contre nourriture» semble être une pratique courante «Des hommes disent aux femmes: couche avec moi et je te donne de la nourriture ou un coupon» rapporte Yolette Mengual, chef de cabinet de la ministre de la Condition féminine, «On le sait, les femmes nous l'ont dit».
Mario Andrésol, directeur de la PNH (Police Nationale Haïtienne) dénonçait déjà fin janvier la recrudescence des viols et l’insécurité dans la capitale. «A la faveur des black-out, des bandits en profitent pour harceler et violer femmes et jeunes filles réfugiées sous les tentes» avait-il-déclaré.
Réfutations de l’UNPOL
Michel Martin, le chef du renseignement criminel pour la police de l'ONU, UNPOL, réfute les rumeurs selon lesquelles de nombreux viols auraient été commis dans les camps, en précisant que moins d'une dizaine de viols avaient donné lieu à une enquête jusqu'à maintenant. Une déclaration qui a du mal à masquer le constat d’impuissance de l’UNPOL, de la police haïtienne et de la MINUSTAH.
Face à leurs mensonges
Si le problème n’est pas si important, pourquoi 350 policiers de l'UNPOL travaillent-ils avec la police haïtienne et la MINUSTAH, pour mettre fin aux viols dans les 460 camps de Port-au-Prince et ses environs? Pourquoi avoir installé un numéro d'urgence que les femmes peuvent appeler en cas d'agression, s'il y a si peu de viols?Comment expliquer la mise en place d’un projet pilote où des policières de l'UNPOL et de la PNH travaillent spécifiquement sur les violences faites aux femmes? Pourquoi, si le problème n'est pas si généralisé, l'ONU a-t-elle produite plusieurs spots radio en créole pour aider les haïtiennes à se prémunir contre les viols dans les campements de fortune? Pourquoi le Fonds des Nations Unies (FNUAP) est-elle en train de créer dans les camps des «espaces sécuritaires pour les femmes» si les agressions sont si peu nombreuses?
Piètres raisons de l’UNPOL
Michel Martin, explique «C'est une situation très particulière: des milliers de personnes campent dans des zones où il est difficile de patrouiller. Il y a des cordes et des poteaux partout. La nuit en particulier c'est très, très difficile [...] nous ne pouvons pas patrouiller dans les camps, 24 heures sur 24 et dans tous les camps en même temps». Qu’essaye-t-on de nous cacher? L’ampleur de la situation? L’impuissance et l’échec des autorités?
Quelles solutions?
Les belles paroles de Ban Ki-moon, qui déclare être «douloureusement conscient, en particulier, des cas de violence sexuelle déclarées» et les déclarations rassurantes et mensongères des autorités, ne doivent pas nous faire oublier que chaque jour qui passe, des femmes, des jeunes filles et des fillettes haïtiennes deviennent de nouvelles victimes. Chaque jour qui passe sans solution, est un jour de trop. Faudra-il donc, qu’une fois encore, une fois de trop, le peuple haïtien se fasse justice lui-même? Quelles sont les solutions pour lutter contre ces prédateurs sexuels? Comment protéger les victimes? Comment la justice devrait-elle sanctionner les agresseurs? Qu’en pensez-vous?
HL.
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