|
Téléchargez le Calendrier scolaire 2024-2025 (Officiel) |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
||||||||||||
|
![]() Haïti - FLASH : Présentation de la situation en Haïti au Conseil de Sécurité de l’ONU 22/04/2025 08:11:37
Déclaration de Maria Isabel Salvador : « Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Membres distingués du Conseil, Excellences, Je vous remercie de m’accueillir une fois de plus aujourd’hui pour m’adresser à vous en cette période critique pour Haïti. Depuis mon dernier exposé au Conseil en janvier, la situation sécuritaire en Haïti s’est encore une fois dégradée. Cette fois-ci, je veux lancer un cri et un appel qui puissent vous aider à mieux comprendre ce que risque d’être un point de non-retour dans la crise haïtienne. Depuis fin janvier, des groupes criminels organisés ont lancé des attaques coordonnées pour étendre leur contrôle territorial et saper l’autorité de l’État. Ils ont ciblé Kenscoff, la dernière route de sortie de Port-au-Prince non entièrement contrôlée par les gangs, et ont progressé simultanément vers Delmas, le centre-ville de Port-au-Prince et Pétion-ville, des zones jusque-là épargnées, aggravant la déstabilisation de la ville. Les attaques se sont également propagées dans les départements de l’Ouest, du Centre et de l’Artibonite, témoignant d’une stratégie visant à étendre les effectifs des forces de sécurité nationales sur plusieurs fronts. Plus récemment, des gangs ont attaqué Mirebalais. Et plus de 500 détenus ont été libérés https://www.haitilibre.com/article-44597-haiti-flash-mirebalais-prise-d-assaut-nombreuses-victimes-plus-de-500-evades-en-cavalesvideo.html . C’est la cinquième évasion de prison en moins d’un an, dans le cadre d’une action délibérée visant à consolider leur domination, à démanteler les institutions et à instiller la peur. L’ampleur et la durée de ces violences ont dépassé la Police Nationale d’Haïti, malgré le soutien des Forces Armées d’Haïti et de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), entravant encore davantage la stabilisation. En février et mars seulement, 1,086 personnes ont été tuées et 383 autres blessées. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, plus de 60,000 personnes ont été déplacées de force au cours des deux derniers mois https://www.haitilibre.com/article-44511-haiti-social-60-000-personnes-deplacees-par-la-violence-en-1-mois.html , s’ajoutant au million de personnes déjà déplacées https://www.haitilibre.com/article-44066-haiti-flash-plus-d-un-million-de-personnes-en-haiti-ont-ete-deplacees-par-la-violence-2024.html . Ces chiffres devraient augmenter. L’échelle de la violence a semé la panique parmi les Haïtiens, qui craignent l’effondrement total de l’État sous la pression des groupes criminels. Beaucoup se sont organisés pour protéger leurs quartiers, leurs familles et communautés. Ces derniers jours, la frustration a poussé des milliers de citoyens à manifester pour réclamer des mesures plus efficaces, tandis que certains politiciens ont exploité cette insécurité croissante pour contester le pouvoir en place. Les autorités nationales ont intensifié leurs efforts, dans la limite de leurs moyens, pour renforcer les forces de sécurité et améliorer la coordination entre la police, les Forces armées d’Haïti et la MMSS. Le 14 avril, un budget révisé a été adopté pour soutenir les capacités de la police et de l’armée https://www.haitilibre.com/article-44578-haiti-flash-des-millards-de-gourdes-alloues-pour-la-pnh-et-les-fad-h.html et https://www.haitilibre.com/article-44704-haiti-economie-budget-de-guerre-plus-impressionnant-a-l-oral-qu-en-pratique.html . Il est essentiel que toute mesure future renforce les institutions de sécurité, dans le respect de l’État de Droit, sous autorité civile, et en conformité avec les normes en matière de droits humains. Néanmoins, je dois être très franche, responsable et honnête : tout effort du gouvernement haïtien ne suffira pas pour réduire significativement l’intensité et la violence des groupes criminels. Dans ce contexte, et cela peut paraître répétitif, il est plus crucial que jamais d’intensifier le soutien international à Haïti, notamment par le biais d’un financement accru et d’une capacité opérationnelle accrue pour la MMSS. Je salue le leadership inébranlable du Kenya et remercie tous les États membres contributeurs. Cependant, à ce stade critique, tous les États membres doivent accroître leur soutien aux forces de sécurité haïtiennes, en particulier à la MMSS, non pas par choix, mais par nécessité, car il n’existe aucune alternative viable. La lettre du Secrétaire Général au Conseil, le 24 février 2025, contient des propositions qui doivent être examinées de toute urgence Télécharger la lettre du Secrétaire Général : https://www.haitilibre.com/docs/S_2025_122-FR.pdf Monsieur le Président, Excellences, Alors que la crise sécuritaire affecte tous les aspects de la vie en Haïti, la présence de l’ONU est également mise à rude épreuve. L’isolement persistant de la capitale, dû à la suspension des vols commerciaux depuis novembre 2024 et au blocage des accès routiers, demeure le principal défi opérationnel. En réponse, le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et les agences de l’ONU ont adopté des modalités hybrides et réduit leur présence à Port-au-Prince afin de maintenir leurs opérations et apporter une aide vitale. Cependant, sans un financement suffisant et prévisible, même une présence minimale des Nations Unies pourrait devenir insoutenable, compromettant notre capacité à répondre aux priorités de notre mandat. Je remercie le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’UNHAS d’avoir assuré l’accès malgré des contraintes extrêmes et je demande instamment au PAM un soutien continu et accru en Haïti. Sans ce soutien vital, les opérations des Nations Unies pourraient être encore réduites, au moment où le pays a le plus besoin de nous. Monsieur le Président, Malgré les énormes défis sécuritaires, les autorités haïtiennes, avec le soutien du BINUH, ont pris des mesures pour faire avancer le processus politique. Le Conseil Présidentiel de Transition, dirigé par Fritz Jean, a réaffirmé l’engagement de tenir des élections pour transférer le pouvoir à des autorités élues d’ici février 2026, conformément à l’accord conclu il y a un an. Le Comité de pilotage de la Conférence nationale a mené de larges consultations dans les départements du pays et avec la diaspora sur la révision constitutionnelle https://www.haitilibre.com/article-44691-haiti-washington-dialogue-sur-la-participation-electorale-et-politique-de-la-diaspora.html , tandis que le Conseil électoral provisoire a lancé des consultations avec les acteurs politiques et de la société civile et avancé dans les préparatifs administratifs et logistiques. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a redéfini son projet d’appui électoral, et une Task Force des agences de Nations unies, sous la direction du BINUH, a été créée selon les recommandations de la Mission d’Évaluation des Besoins. Malgré ces progrès, nombreux sont ceux qui s’inquiètent de la faisabilité du calendrier, la détérioration sécuritaire compromettant les préparatifs essentiels à l’organisation d’un référendum et d’élections inclusives, participatives et crédibles. Le BINUH reste déterminé à soutenir les autorités et les parties prenantes dans leur dialogue constructif sur la manière de faire progresser de manière réaliste les préparatifs électoraux, tout en comprenant que le rétablissement de la sécurité et d’un environnement stable est essentiel pour mettre fin au cycle des accords de transition et le remplacer par des institutions démocratiquement élues. Compte tenu de la détérioration de la situation et du message du Secrétaire général, il est crucial d’aligner le champ d’action du BINUH sur les réalités du terrain. La priorisation stratégique du mandat, ancrée dans le contexte sécuritaire actuel et les ressources disponibles, est essentielle pour permettre à la Mission de s’acquitter efficacement de ses responsabilités essentielles : dialogue politique, soutien aux capacités nationales, réduction de la violence communautaire, protection des droits humains et conditions propices au renouveau démocratique. Il s’agit d’un appel à concentrer les efforts du BINUH là où ils peuvent être les plus efficaces, durables et crédibles. Dans un contexte d’insécurité généralisée, le BINUH continue de soutenir l’amélioration de la gouvernance et les progrès politiques. Nous travaillons en étroite collaboration avec la Commission nationale pour le désarmement, le démantèlement et la réintégration, récemment réactivée https://www.haitilibre.com/article-44452-haiti-securite-installation-des-membres-de-la-commission-nationale-de-desarmement.html . Sa mise en place témoigne de la détermination des autorités nationales à progresser, malgré les difficultés. Les travaux sur la Stratégie nationale de réduction de la violence communautaire et le projet de loi sur les armes et les munitions constituent des avancées vers la réduction de la violence. Je salue le récent décret du Gouvernement portant création d’unités judiciaires spécialisées pour lutter contre les crimes odieux, les crimes financiers et la corruption https://www.haitilibre.com/article-44549-haiti-justice-reouverture-du-tribunal-de-premiere-instance-de-port-au-prince.html , ainsi que son engagement à poursuivre les criminels en col blanc et les financiers des groupes criminels, et à renforcer le contrôle des armes et du trafic illicite. L’ONU en Haïti soutient depuis longtemps ces efforts par des actions de plaidoyer et une assistance technique. J’exhorte les autorités à mettre en œuvre ces mesures sans délai. J’appelle également le Conseil à renouveler son engagement et son soutien au Comité des sanctions et au Groupe d’experts, notamment en ajoutant des noms à la liste des sanctions et en exhortant les États membres à appliquer pleinement l’embargo sur les armes. La justice est un système, son fonctionnement requiert l’intervention de tous ses acteurs. La crise humanitaire en Haïti a atteint des niveaux critiques. Les épidémies de choléra et les violences sexistes, en particulier dans les sites de déplacement, sont généralisées. L’insécurité a entraîné la fermeture de 39 établissements de santé et de plus de 900 écoles à Port-au-Prince. J’exhorte les États membres à soutenir le Plan de réponse humanitaire 2025. L’ONU reste déterminée à contribuer à fournir une assistance vitale, en particulier aux femmes, aux filles et aux enfants, et à promouvoir la paix sociale grâce aux efforts menés par les gouvernements. Monsieur le Président, Haïti a atteint un tournant. Comme je l’ai déjà dit, nous approchons d’un point de non-retour. Alors que la violence des gangs continue de s’étendre à de nouvelles régions du pays, les Haïtiens sont de plus en plus vulnérables et sceptiques quant à la capacité de l’État à répondre à leurs besoins. Les forces de sécurité nationales, tout en déployant tous leurs efforts, ne peuvent réussir sans une structure de commandement unifiée et stratégique, libre de toute ingérence politique et opérant sous l’autorité civile. De plus, elles ont besoin d’unités antigang plus spécialisées, d’un meilleur équipement et de meilleures conditions de travail. Cependant, il faut le dire, sans une aide internationale opportune, décisive et concrète, la situation sécuritaire en Haïti pourrait ne pas évoluer. Haïti pourrait être confrontée à un chaos total et tout retard dans votre soutien pourrait être la cause directe d’une telle détérioration. Je vous exhorte à maintenir votre engagement et à répondre aux besoins urgents du pays et de sa population. Pour sa part, malgré les énormes défis sécuritaires auxquels nous sommes confrontés, le BINUH, tel que mandaté par ce Conseil, n’épargnera aucun effort pour soutenir le processus politique mené par les Haïtiens en vue de la restauration des institutions démocratiques, dès que les conditions seront réunies. » HL/ HaïtiLibre
|
|
![]() |
Pourquoi HaïtiLibre ? |
Contactez-nous |
Charte de modération |
Privacy policy |
English
Copyright © 2010 - 2025 Haitilibre.com -n |