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Haïti - Politique : Discours du Président Martelly devant l’Assemblée Nationale
09/01/2012 18:58:08

Haïti - Politique : Discours du Président Martelly devant l’Assemblée Nationale
À l’occasion de l’ouverture de la première session ordinaire des travaux parlementaires de la 49e législature, le Président de la République, Michel Martelly a prononcé ce lundi 9 janvier 2012, devant les deux Chambres réunies en Assemblée Nationale, son tout premier exposé général de la situation, conformément à l'article 151 de la Constitution.

Exposé général du Président Martelly :

«...il est de tradition républicaine chez nous, que le deuxième lundi du mois de janvier, le Chef de l'État prenne la parole devant l’Assemblé Nationale, à l'occasion de l’ouverture de la session ordinaire des travaux parlementaire. C'est un moment important, je le sais, c'est mon premier discours devant vous, j'en mesure la solennité. Il m'offre d'abord l'occasion de vous présenter mes vœux, à vous tous sans exceptions, pour votre bonheur personnel sûrement et celui de vos familles également. La famille n'est-elle pas le premier fondement de la société ? Mais, spécialement, je formule mes vœux pour qu'en 2012, s'établisse entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, des rapports plus conformes à l'esprit de cette démocratie que je prône et que je souhaiterais plus sereine.

La nôtre est jeune, elle en a la fougue, le dynamisme, parfois l'arrogance, mais elle reste animée toujours de cette sincérité, je préféré dire plus encore de cette bonne foi, qui doit être l'apanage des institutions et des hommes de biens. Mais qu'on ne si trompe point, cette sérénité que j’appelle de mes vœux, ne signifie pas que dans notre démocratie, tout le monde doit être d'accord sur tout et en tout. Par démocratie sereine, j’entends plutôt un régime politique fondé sur l'écoute et le respect mutuel, qui gère ses désaccords sans pénaliser la Nation toute entière. La démocratie ne saurait faire la guerre à la démocratie.

D'autres fronts nous appellent d’urgence, plus grands, plus nobles, plus utiles à la société c'est cette quête d'une Haïti meilleur pour ses enfants, qui doit aujourd'hui nous souder.

Honorables parlementaires,

Chef de l'État, je dois assurer la bonne marche de l'ensemble des trois pouvoirs et je ne saurais prendre parti pour un pouvoir contre un autre. Ma présence ici, au-delà d'une obligation constitutionnelle, signifie aujourd'hui, l'importance que j'attache au travail parlementaire. C'est vous qui construisez les référence de l'État de droit, en votant, jour après jour, le cadre légal dans lequel la Nation doit évoluer. Votre travail est immense et mérite le respect. L'État tel que je le conçois, doit être au service du citoyen. Ceci exige l'harmonie dans l'action de chacun des trois pouvoirs, une bonne gouvernance, une administration publique efficiente et professionnelle, un système judiciaire indépendant et intègre et une police nationale, qui dans ses actes, doit être garante du respect des vies et des biens. Cet État de droit, je l’offre à tous, sans exclusions et sans exclusives, garant des libertés individuelles et des droits de la propriété.

L'année écoulée, nous avons chacun de notre côté, fait de notre mieux pour faire progresser Haïti. Cette année, pour faire émerger Haïti, nous ne pourrons le faire qu'ensemble. Je me réjoui en particulier de voir que le Premier Ministre que j'ai désigné et que vous avez agréé, s’attelle avec son gouvernement à mettre en place les grandes lignes de l'action pour laquelle j'ai été massivement mandaté.

Jamais je n'arrêterais d'insister pour que l'Haïti de misère, d’égoïsme et de mendicité qui a prévalue jusqu'ici, disparaisse à tout jamais, pour faire place à une Haïti vibrante, dynamique, prospère, équitable, résolument tourné vers l’avenir.

Je pense ici particulièrement au monde rurale, le temps de rendre justice à la paysannerie haïtienne, ce temps est arrivé. Cette composante de notre société, trop longtemps, a largement payé son dû sans rien recevoir en retour. Il est temps, il est grand temps, à un moment où une nouvelle génération est au pouvoir, de promettre une réponse aux paysans.

Au Gouvernement, je réitère ma demande, du Parlement je sollicite le concours, de la population sa participation active. Il faut que l'État s'engage à investir massivement dans le milieu rural pour préserver les infrastructures existantes, en créer d'autres et offrir des services aux agriculteurs, qui leur permettront d’engendrer des gains de productivité substantielle. Mais, nous ne devons pas oublier que le paysan est aujourd'hui demandeur de ville, pousser hors de chez lui par des politiques irresponsables, refusant l'isolement de l'habitant dispersé, voulant faire bénéficier ses enfants, des bienfaits de l'instruction. Le paysan vient en ville en quête d'un mieux être, que la ville dans son état actuel, ne peut lui offrir. C'est pour cela, que la question paysanne ne peut être abordée sans une politique d’aménagement du territoire. Aménager le territoire, c'est s'assurer que l'on a mis les bonnes infrastructures aux bons endroits, que l'on a pris en compte les besoins des populations pour dimensionner et assurer les services de base. C'est s'assurer que les investissements, la revitalisation de l'économie se dépoli sur tout le territoire et qu'on ne se limite pas, à la République de Port-au-Prince. C'est la base de la déconcentration et de la vraie décentralisation, c'est la base d'une vraie restauration de l'environnement urbain et rurale, c'est l'une des priorités d'une gouvernance du changement. L’aménagement du territoire, s'est s'assurer d'une harmonie entre la population, le territoire et les investissements, pour créer un cadre de vie décent et ouvrir des perspectives économiques au plus profond du pays jusqu'ici en dehors.

Au chapitre des forces de défense, je saisi l'occasion de projeter ma vision qui reste celle de la mise sur pied d'une nouvelle force de défense de notre territoire. Ce faisant, l'État retrouvera sa souveraineté et préparera au fur et à mesure, la relève de la Minsutah. Cette force de défense, reprendra le contrôle du territoire et de ses frontières, prêtera mains fortes à la police en cas de nécessité. Elle interviendra aussi en cas de catastrophe naturelle et remplira ainsi sa mission constitutionnelle.

2012 également, devrait être selon mes vues, l'année de la dynamisation de l'économie. Oui, j'encourage le Gouvernement à lancer une révolution de la croissance, en choisissant les stratégies, en structurant les institutions, en travaillant avec toutes les parties prenantes et en menant des actions cohérentes dans les secteurs prioritaires suivants : la production végétale ; la production animale ; le tourisme ; le logement et la construction ; le vêtement et l'industrie légère. Je voudrais voir ces cinq secteurs prioritaires supportés par cinq secteurs transversaux qui sont : la construction et les infrastructures ; un apport en capital pour le secteur des PME ; les technologies de l'information et de la télécommunication, en sachant que la technologie est le moteur de la compétitivité ; l'éducation et la formation professionnelle qui, à la demande des secteurs prioritaires requièrent des compétences spécifiques et enfin, un cadre propice aux affaires, obtenu grâce à un partenariat privé-public à travers des réformes de politique publique et la promotion systématique de l'entrepreneuriat.

Je souhaite voir cet effort de l'amélioration de l'environnement des affaires, se solder pour le Gouvernement, par notre classement l'an prochain dans l'index Doing Business. Notre objectif est de passer de la 162e place à un niveau nous rapprochant de nos voisins de la région.

Le moment est venu pour le pays d'aller dans une autre direction, de choisir un autre chemin et de prendre enfin parti pour le citoyen moyen. Sortir Haïti de son statut de PMA [pays les moins avancés] est possible, en tirant pleinement parti des avantages qui lui sont accordés par ce statut et par les lois HOPE et HELP, en vue de la création d'emplois durables au profit de la population haïtienne et ce, de manière décentralisée.

J’insiste, il nous faudra plus encore que l'an passé, attirer des investissements directs étrangers, arriver progressivement à une hausse des salaires des employés et à une croissance de l'offre de l'emploi. Améliorer la balance commerciale du pays par une augmentation substantielle des exportations.

L'une des dimensions les plus importante de la mondialisation pour les petites économies, est la réponse que constitue l'intégration régionale. Le contexte régional abonde en opportunités. Notre diplomatie intelligente et active, a déjà su les saisir. Quand je me réfère à la région, je veux mettre en perspective ses principales dimensions d'abord : notre voisine immédiate, la République Dominicaine avec laquelle nous partageons l'île, les grands dossiers de la migration et des relations commerciales devront être traités de façon dynamique dans le cadre de la Commission Mixte Bilatérale. Notre approche est de regarder la totalité de la relation, commerce, investissement, migration, sécurité etc... et trouver ensemble, des arrangements gagnant-gagnant.

La région, c'est également la CARICOM dont nous sommes membre actif depuis une dizaine d'années, nous devront explorer plus en profondeur avec eux et avec la République Dominicaine, le potentiel qu'offre l'accord économique de partenariat Cariforum Union Européenne.

L'année 2011 nous a aussi montré l'importance vitale pour nous, des relations avec l'Amérique Latine et Caraïbes. Notre stratégie de développement demande que nous revisitions nos rapports avec les grands du sous-continent. La stratégie d'intégration et de sécurisation énergétique, au niveau de l'Amérique Latine et Caraïbes, retiendra également notre attention.

En ce qui concerne nos grands partenaires économiques, financiers et techniques dans le domaine de la coopération, je ne peux que souhaiter l'amélioration de l’efficience de celle-ci et la continuité de leur support.

À ceux qui ont souffert des conséquences du séisme ou d'autres catastrophes naturelles, il s'agira de fournir les moyens de reconstruire en mieux leur communauté respective et d'y apporter enfin, la fourniture de services tels que l'eau, l’assainissement, l’électricité, la police sans oublier les opportunités de gagner un revenu.

Parlant de l'éducation et du développement humain, mon concept d'une Haïti socialement plus juste a fait de l'éducation l'une des priorités de mon programme politique. Les fruits sont déjà là, mais mon objectif reste plus grand, j’attends du Gouvernement de continuer de mettre tout en œuvre pour honorer les engagements prit envers le peuple haïtien à savoir : l’accès gratuit à une école de qualité pour tous les enfants à l'échelle du pays, faire en sorte qu'ils y restent au moins jusqu'à la fin de la sixième année fondamentale, et sortent avec le profil de compétence établi.

J'émets également le vœux que l'action gouvernementale permettra de mettre en place, dans tous les départements géographiques du pays, un centre de formation professionnelle répondant aux besoins des jeunes et tenant compte des potentialités spécifiques de développement de chacun d'eux ; d’accroitre et d'améliorer l'offre de formation technique et professionnelle dans les départements géographiques ; d'appuyer la reconstruction et le développement de l'offre d'enseignement supérieur et universitaire, notamment par le renforcement de l'Université d'État d'Haïti et de cinq universités publiques en région ; mettre au profit de la formation et de l’apprentissage les technologies de l'information et de communication.

Mon vœu le plus cher, reste que 2012, nous offre l’opportunité d'assumer pleinement le triptyque de notre République, Liberté, Égalité et surtout Fraternité.

Cette République, qui fut la somme de luttes intestines, d’assassinats, de kidnappings, d'embargos, d'anarchie, de chaos, de destruction de l'environnement, d’égoïsme, de cupidité, cette Haïti, il faut qu'elle change. Aujourd'hui, se sont encore 8 millions de nos compatriotes qui vivent encore sans électricité, 5 millions d'entre nous, ne savent ni lire ni écrire et sont dans le noir, le jour comme la nuit. 8 haïtiens sur 10 vivent avec moins de deux dollars américains par jour, 2% d’haïtiens contrôle 69% des richesses du pays. Sur une population active estimé à 4,2 millions d’habitants, moins de 200,000 disposent d'un emploi formel et régulier. 84% des diplômés universitaires haïtiens, vivent à l'étranger, enfin, la classe moyenne est exsangue. Mais, ne dit-on pas que c'est dans les pires calamités que se révèle les caractères des peuples?

À l'instar d'Hernán Cortés, débouquant au Mexique et brûlant ses vaisseaux, pour bien signifier à ses soldats qu'aucune retraites n’était envisageable ou d'Henri Christophe brûlant la ville du Cap en commençant par sa propre résidence, au débarquement des troupes de Napoléon, pour clairement indiquer à ses troupes, qu'aucun sacrifice n'est de trop lorsqu'il s'agit de la Nation, je travaillerais moi aussi, à détruire les navires d'intolérance et de pouvoir stérile, à démolir les immeubles de préjugés insidieux et de mensonges perfides qui nous ont conduit au bord de la situation la plus inutilement dramatique de notre Histoire Nationale.

Je vois se lever sur Haïti une ère nouvelle, une nouvelle philosophie du service public entièrement tourné vers les services à la population, l’établissement d'un climat favorable à l'investissement et à l'emploi et la recherche permanente de résultats.

Loin de vouloir sociabiliser la misère, je m'engage résolument vers la création de richesses afin d'en partager solidairement les profits sans exclusions et sans exclusives.

Que les Dieux tutélaires de la Nation veillent sur nous,
Que Dieu bénisse les filles et les fils d'Haïti.

Merci »


Garry Conille, actions du gouvernement et perspectives 2012 (Discours)
https://www.haitilibre.com/article-4670-haiti-politique-discours-du-president-martelly-devant-l-assemblee-nationale.html

HL/ HaïtiLibre

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Cool man
Posté le 14/01/2013 14:25:36
je n'ai pas pris la peine de lire le discours car les commentaires disent que c'est un «beau» discours donc je peux en imaginer le contenu mais surtout je connais les effets «anyen menm». Bonne Chance à ceux qui rêvent. Vouloir c'est pouvoir, quand on peut.
Ogou
Posté le 11/01/2012 14:14:32
Ce discours me rapelle du temps de notre, regrette mémoire, F.D. Mes felicitations, Mr. Le Président. Mais je ne crois pas qu'à l'ère de cette mondialisation, où Haiti vient de connaitre ce cataclysme comme une dette payée par tant de sacrifices de nos prédécesseurs, comme on le dit et je le répète, qu'on devrait annoncer aux dieux tutélaires. Maintenant c'est l'heure de changer le visage des structures pre-établies pour faire face à des avancemnets nouvelles.
Brunet b.
Posté le 10/01/2012 17:48:47
Bonsoir les amis d'Haitilibre, c'est un plaisir pour moi de lire ce beau discours de notre Président de la République, tout ce qu´il a dit est correct et a un espoir pour la Nation. Sauf son souhait pour la Nation qui déchire mon coeur et le coeur de tous les chrétiens, en souhaitant que les dieux tutélaires de la Nation veillent sur nous, Je critique amèrement cette mauvaise phrase, alors il parle du vodou. [hors sujet]
Scott
Posté le 10/01/2012 14:25:57
Je suis parfaitement satisfait du discours de notre Président. Cela fait longtemps que je n'ai pas trouvé ça chez un Président. Nous cherchons et nous trouvons un véritable Président. Martelly anyen mal paka rive'w. Notre president ne nous laisse pas, reste avec nous jusqu'à ce qu'Haiti change.
 




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