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Haïti - Politique : Texte de la Politique Générale du Premier Ministre (Première partie)
08/05/2012 21:11:35

Haïti - Politique : Texte de la Politique Générale du Premier Ministre (Première partie)
Après 4 heures d'affrontement « sans nom » au Sénat, sur des questions de procédures... Devant l'insistance du sénateur Jean Charles Moïse qui tentait d'introduire depuis des heures d’introduire une motion visant à retirer de l'ordre du jour la présentation de l'énoncé de Politique Générale du Premier Ministre ratifié, Laurent Lamothe, le Président du Sénat, Simon Dieuseul Desras a demandé aux Sénateurs de choisir entre le retrait de l'ordre du jour soutenu par le Sénateur Moïse ou la suppression de deux autres points prévus, afin de permettre malgré l'heure, au Premier Ministre Lamothe, de présenter à l'Assemblée, sa Politique Générale. La motion du Sénateur Moïse n'a pas été retenu, donc l'énoncé de Politique Générale aura bien lieu ce mardi.... mais nul ne sait à quelle heure. Dans l'attente... nous vous proposons de prendre connaissance de la Politique Générale du Premier Ministre.


Énoncé de Politique Générale du Premier Ministre ratifié, Laurent Lamothe (Première partie)

SOMMAIRE (Première partie)
Propos d’introduction et Mise en contexte

PARTIE I - Mettre le pays en chantier
• Les principes et les valeurs que nous défendon
• Mettre le pays en chantier
• La réforme institutionnelle : un Gouvernement au service du citoyen
• Les bâtiments publics

PARTIE II - Les 5 “E”
(1) État de Droit et Démocratie
• Justice
• Système pénitentiaire
• Sécurité Publique

(2) Économie & Emploi
• Haïti : pays émergent en 2030
• Agriculture
• Travaux publics
• Industrie
• Tourisme
• Secteur de la Construction
• Technologies de l’Information et de la Communication

(3)Environnement et aménagement du territoire
• Environnement
• Aménagement du territoire
• Gestion des risques et désastres
• Décentralisation et accompagnement des collectivités territoriales


Honorables Parlementaires

C’est pour moi un grand honneur de me présenter devant cette auguste assemblée afin d’exposer la déclaration de politique générale du Gouvernement que je suis appelé à diriger.

A ce carrefour historique de la vie nationale, à un moment où des décisions majeures s’imposent pour faire avancer Haïti vers la modernité, le Président de la République SEM Michel Joseph Martelly, m’a fait le plus grand des honneurs en me choisissant pour diriger le prochain Gouvernement. Je le remercie vivement et saisis l’occasion pour lui exprimer, du haut de cette tribune, ma gratitude et l’expression de ma reconnaissance pour la confiance qu’il m’a témoignée.

Imbus des défis qui attendent la nation, j’ai accepté cette nomination avec comme seule ambition, celle de servir mon pays et de travailler sans relâche, avec passion et ardeur, à la matérialisation des objectifs de progrès et de développement économique et social prônés par le chef de l’état.

Honorables parlementaires,

Un nouveau rêve haïtien est possible. C’est parce que j’y crois fermement que j’ai accepté de prendre les rennes de ce nouveau Gouvernement qui a l’ambition d’être le catalyseur des forces de changement en Haïti.

Si le défi est énorme, la tâche est exaltante. Nous serons à la hauteur. Je dis « NOUS », car la réussite sera collective. C’est pour cela que je compte associer à mes efforts tous les secteurs de la vie nationale et, à plus forte raison, des institutions vitales comme le Parlement qui est co-dépositaire de la souveraineté nationale. A ce propos, d’emblée, je tiens à informer nos Honorables parlementaires et leurs mandants des départements et circonscriptions qu’ils représentent, que mon énoncé de politique générale tiendra compte des sensibilités des différents secteurs de la vie nationale, et ceci dans les dix départements géographiques. Une telle démarche est nécessaire pour que règne la sérénité et l’entente indispensables au lancement du grand chantier de la reconstruction.

Mon énoncé de politique générale repose sur les 5 « E » priorisés par le président Michel Joseph Martelly (Économie et Emploi, Éducation, Énergie, État de droit et Environnement). L’énoncé tient également compte des préoccupations exprimées par les groupes organisés de la société. Ce fut d’ailleurs un exercice enrichissant pour moi que de rencontrer durant ces dernières semaines les leaders de divers secteurs, d’être à l’écoute de leurs revendications, d’apprendre de leurs expériences et de cogiter avec eux sur les meilleurs solutions à apporter à leurs problèmes spécifiques... L’exercice de servir l’État n’a de sens que si ce service répond aux besoins fondamentaux des citoyens. C’est ma très grande conviction et le principe qui guidera l’action Gouvernementale en tout lieu et en tout temps.

Mon document de politique générale n’est donc pas simplement et seulement l’œuvre de techniciens, experts ou autres hauts fonctionnaires travaillant en anti chambre. Il est également le résultat de consultations nombreuses sur le terrain avec les syndicalistes, les paysans, les professionnels, les hommes et femmes d’affaires, les petits commerçants, les industriels, les vodouisants, les prêtres, les universitaires, les leaders politiques... et j’en passe.

Je me félicite d’avoir pu rallier à la préparation de cette politique générale des hommes et des femmes qui ne partagent pas nécessairement les mêmes idées que moi ou que ma famille politique. Le tissu social déchiré qui est le nôtre doit être recousu ensemble. Les troubles politico-économiques dont souffre notre pays sont le symptôme d’une crise plus profonde : celle de notre incapacité à transcender nos différences et à travailler ensemble même dans la diversité et la différence d’opinions. Nous devons changer cet état de choses. Mon Gouvernement sera prêt à remplir sa part du contrat. Je suis un homme de dialogue. Mon Gouvernement le sera. Je suis un homme d’ouverture. Mon Gouvernement le sera. Je suis un homme sensible à la grande misère du peuple. Mon Gouvernement fera tout ce qu’il faut pour mettre Haïti sur le chemin du progrès économique et surtout social.

La grande question qui s’impose à nous aujourd’hui, tenant compte de notre passé et de nos difficultés, est celle-ci : sommes-nous prêts à faire face à ces défis ? La réponse n’est pas évidente tant le découragement continue de dominer certaines de nos actions. Pourtant nous n’avons pas emprunté le chemin de l’Histoire pour aboutir à une impasse. Pourtant nous n’avons pas consenti tant de sacrifices pour que la misère soit notre seule récompense.

Nous devons aujourd’hui prendre la résolution de consentir de nouveaux sacrifices et saisir notre destin en main dans le dessein de bâtir une nouvelle société. En ce sens, Honorables parlementaires, je compte sur votre inestimable collaboration à l’exaltant combat que mon Gouvernement entend mener en faveur du peuple qui a toujours été maintenu à la lisière de la société.

En m’adressant à vous dans cette enceinte, haut-lieu de débat autour des grandes décisions devant engager la Nation, je ne saurais ici rater l’occasion de rappeler une nouvelle fois l’impérieuse nécessité de réunir autour d’une table les représentants des différents secteurs de la vie nationale – toutes tendances politiques confondues – pour travailler à la mise en place d’un véritable projet national de développement sur 30 ans. Nous le savons, le principe de l’alternance implique que différents Gouvernements vont se succéder au pouvoir durant les décennies à venir. Il n’y a pas de moment plus approprié que celui que nous vivons aujourd’hui pour définir, ensemble, un cadre consensuel et une boussole commune auxquels les Gouvernements successifs seraient solidaires dans le cadre de notre quête collective de modernité et de développement.

Honorables parlementaires,

« Fòk Pèp la Jwenn » tel est le principe directeur qui guidera mon action. Ce principe implique de rechercher en priorité le mieux-être des plus démunis à travers notamment la fourniture des services sociaux de base. Ainsi, l’accent sera mis sur les projets à effets immédiats sous le leadership des ministères sectoriels, et celui des élus locaux et nationaux. Ce principe implique également de mettre en place des mécanismes devant favoriser la croissance économique et la répartition équitable de la richesse au profit des plus vulnérables.

L’investissement privé massif, OUI mais à une seule fin : celle de générer des moyens pour que le Gouvernement mène une politique sociale d’envergure en faveur de ceux vivant dans la pauvreté extrême. Les indicateurs sociaux révèlent une situation inquiétante qui s’est considérablement dégradée à la suite du tremblement de terre. Dans notre pays, l’espérance de vie à la naissance se chiffre aujourd’hui à 62 ans contre une moyenne régionale de 72. Seulement 52% des haïtiens ont accès à l’eau potable. Nous comptons 5.9 médecins pour chaque 10,000 habitants et un taux d’analphabétisme de 68.6%.

La liste des inégalités sociales est longue, criante et inacceptable. Cette situation commande des actions aussi concrètes qu’urgentes. La pauvreté extrême dans laquelle vivote une forte partie de notre population doit nous interpeler tous les jours, toutes les heures. L’histoire retiendra qu’un Gouvernement Martelly-Lamothe aura travaillé sans relâche, nuit et jour, à la construction d’une société plus juste et plus inclusive et à l’édification d’un véritable État de Droit.

En effet, Honorables parlementaires...

Mon Gouvernement se fera le champion de la solidarité sociale, solidarité sociale envers les plus démunis qui ne mangent pas à leur faim.... Le vœu du Président de la République, maintes fois répété, durant la dernière campagne électorale, est celui de voir chaque Haïtien capable de manger décemment chaque jour.

Honorables parlementaires,

Aujourd’hui, notre peuple a besoin d’un sursaut de civisme, de conscience patriotique et de foi dans l’avenir. Quand à moi, encore une fois, je me mets au service d’Haïti et des haïtiens. Sur les terrains de tennis du monde entier où j’ai toujours hissé au mât du succès le drapeau de mon pays, ma foi patriotique a toujours guidé ma fierté d’être né haïtien et de le rester. Les quelques succès que j’ai connu dans ma vie, je les dois à ma persévérance et mon assiduité au travail. Ces qualités, je les mettrai à contribution dans ce nouveau combat que je m’apprête à livrer à la tête du Gouvernement contre la misère, la corruption et l’exclusion sociale. L’expérience que j’ai acquise, je veux l’offrir à tous et aux jeunes en particulier.

A cette jeunesse qui me paraît désorientée, je dis d’entrée de jeu, que le Gouvernement que je suis appelé à diriger, sera le sien. Une place spéciale lui sera réservée pour lui donner les moyens et l’assistance nécessaire pour réaliser ses rêves.

J’ai écouté avec attention les discours et les promesses de ceux qui m’ont précédé devant cette Haute Assemblée, dès le début de cette tradition républicaine, que nous avons adoptée. Nombre d’entre eux, animés des meilleures intentions, ont toujours trouvé les mots justes pour présenter leur espoir de changement mais les contraintes de divers ordres ont souvent porté à se dédire. Je suis confiant et optimiste qu’aujourd’hui, unis, nous relèverons le défi. Aussi, je m’engage devant la Nation à dresser la bannière de la fraternité, qui compose depuis deux siècles, la trilogie de notre existence.

La Nation et ses composantes, commémoreront bientôt le premier anniversaire de l’accession à la Première Magistrature de l’État du Président Michel Martelly, choisi par le peuple pour le sortir de la misère. Que lui soit rendu les fruits de la confiance qu’il a placé et qu’il continue de placer dans le Président. Avec lui et avec les forces vives du pays dont les Parlementaires, je demeure assuré que nous lui rendrons le bénéfice de ses aspirations.


PARTIE I : NAP REBATI AYITI!
METTRE LE PAYS EN ChANTIER
LES PRINCIPES ET LES VALEURS QUE NOUS DÉFENDONS

Les hommes et les femmes invités à faire partie de mon Gouvernement seront des personnalités déterminées et compétentes dont les actions seront imprégnées du sceau de la modernité. Toutefois, la modernité n’est possible que lorsqu’elle est portée par une série de principes et valeurs fondamentales.

1. L’inclusion sociale ! Pour nous, c’est le maître mot d’une politique qui vise l’égalité et la justice sociale. Trop nombreux sont les haïtiens vivant dans l’extrême pauvreté avec un revenu inférieur à 40 Gourdes par jour. Comment concevoir une action politique d’envergure sans que les plus vulnérables de nos compatriotes n’en soient les premiers bénéficiaires ?

2. La bonne gouvernance ! Les principes que nous voulons défendre sont ceux de la bonne gouvernance, synonyme d’ une gestion rationnelle des ressources de l’État et d’une relation encore plus harmonieuse entre les différents partenaires de la reconstruction d’Haïti.

3. La responsabilité fiscale ! Ce n’est pas tout d’investir, de générer des emplois et de gagner de l‘argent. Il faut que la part revenant à l’État lui soit remise sous forme d’impôts et de taxes. La Constitution haïtienne prescrit qu’il n’y a pas de privilège en la matière. La qualité de citoyen s’acquiert aussi par la responsabilité fiscale de tous sans distinction.

4. La liberté d’expression et d’association ! Les dispositions constitutionnelles actuelles garantissent la liberté d’expression et d’association. C’est un acquis gagné de haute lutte et qu’il nous faut préserver à tout prix. Mon Gouvernement s’engage à contribuer au renforcement de la formation des journalistes. Nous comptons, avec l’appui de nos partenaires internationaux, octroyer des bourses d’étude au bénéfice des jeunes journalistes et créer une maison de la presse.

5. L’idéal démocratique ! Pour que s’instaure l’État de Droit, il faut des élections honnêtes à intervalles réguliers. Le maintien des acquis démocratiques passe par le renouvellement des postes électifs. Le peuple doit avoir la possibilité de choisir ses dirigeants et de les sanctionner à travers des élections libres et honnêtes. En outre, il n’y aura de Gouvernement plus attentif et respectueux des Droits de l’Homme que le Gouvernement Martelly-Lamothe ! Les Droits de l’Homme constituent, à l’heure actuelle, un fondement essentiel de l’Etat de droit et de la Démocratie, et de ce fait une condition
nécessaire de la légitimité de l’Etat.

METTRE LE PAYS EN CHANTIER

Haïti jouit d’un potentiel énorme à tous les niveaux. Notre pays dispose de sérieux atouts pour réussir un véritable boom économique si les conditions sont réunies.

Nous sommes à un carrefour décisif de notre vie de peuple. Nous avons eu la force de nous dresser contre l’esclavage. Nous avons eu la détermination de fonder une nation, seuls, sans modèle, sans moyens. Nous avons aidé les peuples du monde entier dans leur lutte en faveur de la Liberté. Nous sommes fiers d’être un peuple libre. Mais cela ne suffit pas. Nous ne devons pas arrêter le cours de l’Histoire. Nous avons à l’heure actuelle l’impérieux devoir de montrer au monde que nous sommes encore capables de faire d’Haïti une terre où il fait bon de vivre.

Le sursaut national est possible. Nous avons trop tardé. A notre génération, il est permis aujourd’hui de prendre les décisions qui mettront Haïti sur le chemin du progrès. A ce propos, nous n’allons pas réinventer la roue. En terme de programme économique et social, mon Gouvernement exécutera les recommandations faites par le Ministère de la Planification et de la coopération externe qui a proposé un Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) visant à faire d’Haïti un pays émergent en 2030.

Ce plan a le grand mérite d’avoir été élaboré par des penseurs et techniciens haïtiens imbus des problèmes et des réalités du terrain, dans une approche participative. Très souvent, nous avons la mauvaise habitude de trop nous fier à des études et recommandations venant de l’extérieur ou produites par des experts étrangers aux connaissances seulement livresques d’Haïti. Parallèlement, nos cadres dans nos ministères qui connaissent le terrain font des propositions qui restent souvent dans des tiroirs. Il faut renverser cette tendance, corriger ce travers. Valorisons nos matières grises et faisons confiance à nos cadres. D’ailleurs la fuite de nos meilleurs cerveaux de l’administration publique n’est-elle pas aussi liée au fait que nos éléments les plus brillants ne sentent pas leurs travaux appréciés et pris en compte.

Dans la logique du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH), mon Gouvernement entend s’attaquer résolument à quatre grands chantiers.

1. Le chantier territorial qui concerne l’aménagement du territoire, l’urbanisme, le développement local, la protection de l’environnement, un réseau de transport national, l’électrification du territoire, l’expansion des communications, le maillage numérique du territoire, l’alimentation en eau potable et la gestion des déchets solides.

2. Le chantier social prévoit la création de réseaux modernes de santé et d’éducation incluant la formation professionnelle, la protection des biens culturels, l’accès au logement, le développement de l’action civique, l’offre sportive et de loisirs, le renforcement de notre Système de Sécurité sociale accessible à tous, notamment à tous les travailleurs, y compris ceux du secteur informel.

3. Le chantier économique qui prévoit la mise en œuvre d’une approche globale de développement, l’appui à l’investissement privé, la dynamisation et le renforcement des secteurs compétitifs de l’économie haïtienne, la mise en place d’une véritable industrie de la construction et la mise en œuvre de projets ciblant la création d’emplois ainsi que l’amélioration de la productivité

4. Et finalement, le chantier institutionnel, outil indispensable de mise en œuvre des chantiers mentionnés précédemment, qui englobe la révision du cadre légal, le renforcement des institutions, la modernisation de l’administration publique, le renforcement des Collectivités Territoriales et celui de la société civile.

Pour entamer ces quatre chantiers, retroussons nos manches et mettons nous au travail.

LA RÉFORME INSTITUTIONNELLE :
UN GOUVERNEMENT AU SERVICE DU CITOYEN

Honorables Parlementaires,

La mise en œuvre des activités découlant des politiques publiques que je vais énoncer repose nécessairement sur une administration publique capable d’apporter des réponses aux besoins pressants de la population haïtienne. La réforme de l’État est un impératif absolu devant garantir la bonne gouvernance administrative du pays tant au niveau central que territorial.

Je veux donc prendre devant cette auguste assemblée, au nom du Gouvernement que je vais diriger, l’engagement de créer les conditions favorables à la réforme administrative et à l’instauration d’une Fonction Publique de carrière, protégée des aléas de la politique. Dans un contexte post-séisme, mon Gouvernement reste pleinement conscient de la nécessité d’insuffler un nouveau dynamisme dans la Fonction Publique.

L’action Gouvernementale favorisera la mise en place d’une administration publique efficace en situation de:

1. Redonner confiance aux citoyens ;

2. Préserver l’État de droit par une fonction publique de qualité, honnête au service de l’intérêt général;

3. Travailler en faveur d’un rapprochement de la population de ses fonctionnaires par une déconcentration réelle des services de l’État;

L’image d’inefficacité longtemps renvoyée par l’Administration à la population en général et aux administrés en particulier ne saurait laisser mon Gouvernement indifférent quant à la nécessité d’impulser un ensemble d’actions porteuses d’une perception rénovée de la gestion publique. N’ayons pas peur de faire les choses différemment ! Par exemple, le Conseil des Ministres sera certes une plate- forme de rencontre et de décisions importantes – sous l’égide du président - mais il sera également un espace ou les ministres viendront rendre compte de leurs actions qui seront mesurées en fonction des réalisations concrètes. De plus, sur demande du Président, les Conseils des Ministres, ne se feront plus exclusivement à Port-au-Prince, mais également en province sur une base rotative !

Nous allons redonner à l’État, via l’Administration publique, sa vocation première qui est de servir la population. Pour cela, mon Gouvernement s’appuiera sur l’apport des technologies pour appuyer la réforme (Internet, courriel, téléphone...), ceci, dans la plus grande transparence quant à la gestion par l’administration des données détenues, notamment les informations personnelles ou confidentielles.

En ce sens, mon Gouvernement invitera le parlement à voter un ensemble de lois dont l’objectif principal est de donner une validité juridique à la communication d’informations sous forme de messages sans support papier. Les principales lois envisagées sont :

1. La Loi régissant les communications et l’archivage de l’information informatisée.

2. La Loi sur le commerce électronique.

3. La Loi sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, destinée à reconnaître la valeur juridique des documents technologiques, tels que : le courrier électronique et les données informatisées dont l’usage est répandu autant dans le domaine des échanges avec les administrations, que dans la conduite des opérations commerciales nationales et internationales.

Nous allons réactiver dans les meilleurs délais le Conseil Supérieur de l’Administration et de la Fonction Publique composé d’un certain nombre de Ministres, de personnalités du secteur privé, de la société civile, en vue de lui permettre de valider les activités à mettre en œuvre dans le cadre de la réforme de l’État.

Nous allons définir une nouvelle politique de recrutement de cadres par la mise en place d’une Banque de ressources humaines qualifiées au moyen de concours annuels visant le principe de l’égalité des chances et de l’égal accès à la Fonction Publique. Je me réjouis pleinement d’avoir déjà donné le ton lors du dernier concours organisé à l’intention du Ministère des Affaires Etrangères et des Cultes. J’en ferai une pédagogie toutes les fois qu’il s’agira de recruter de nouveaux cadres dans la Fonction Publique;

Mon Gouvernement finalisera le plan d’établissement de l’École Nationale de l’Administration et des Politiques Publiques pour la rendre opérationnelle le plus rapidement que possible.


LES BÂTIMENTS PUBLICS

Honorables parlementaires,

Pour réussir la réforme institutionnelle, pour faire de l’Etat haïtien un état moderne capable de remplir ses fonctions régaliennes, nos institutions publiques doivent être bien logées. Nos cadres doivent pouvoir travailler dans de bonnes conditions. L’efficacité administrative publique est au cœur des réussites de politiques publiques.

A ce propos, l’Unité de Construction de Logements et de Bâtiments Publics est appelée à apporter une assistance technique à la construction des bâtiments publics et de logements sur tout le territoire de la république. Elle sera essentielle dans la démarche de mon Gouvernement à rétablir la capacité de l’Etat, et cela au plus vite car, rebâtir nos bâtiments publics, c’est donner à l’Etat les moyens de sa politique !

Mon Gouvernement entend doter cette Unité de moyens pour atteindre ses objectifs prioritaires qui sont la reconstruction des bâtiments publics suivants:

1. Le Palais de Justice ;

2. Le Palais législatif ;

3. La Mairie de Port-au-Prince ;

4. La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratifs.

Ces choix rentrent dans une politique de renforcement des trois pouvoirs, fondement même de l’Etat de Droit que nous devons continuer à construire. Des fonds provenant des accords avec le FMI, suite à l’annulation des dettes publiques d’Haïti, sont actuellement disponibles pour le financement de ces projets. Il y a également un consensus sur un autre lot de bâtiments publics composé :

1. Du Ministère de l’Economie et des Finances ;

2. Du Ministère du Commerce et de l’Industrie ;

3. De la Direction Générale des Impôts ;

4. De l’Administration Générale des Douanes.

Sur le plan institutionnel, mon Gouvernement procédera rapidement à faire évoluer le statut de L’Unité de Construction de Logements et de Bâtiments Publics qui pour l’instant, demeure un dispositif administratif qui n’est pas le plus approprié. Cette Unité doit pouvoir désormais, jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu dans le processus de reconstruction.

PARTIE II : LES « 5 E »

1er «E»: ÉTAT DE DROIT ET DéMOCRATIE

JUSTICE

Honorables Parlementaires,

Dans le champ de la justice, un état des lieux sommaire affiche des données pour le moins problématique. Les services publics de base tels que bureaux d’État Civil et Tribunaux de paix, font grandement défaut dans la plupart des villes de province. Seuls 182 sections communales sur les 567 que compte la République en sont plus ou moins pourvues. En d’autres termes, 69 % de ces espaces territoriaux doivent en être dotés immédiatement.

En ce qui concerne plus spécifiquement les Tribunaux de Paix, la situation est très critique. Avec un ratio de quatre (4) juges pour 100.000 habitants, il est difficile de s’assurer que la Justice soit disponible au profit de ceux à qui elle est due dans le monde rural notamment. Tous les abus qui se constatent dans les milieux paysans sont en grande partie liés à cette vacuité. Le ratio est à peu près pareil au niveau des Tribunaux de Première Instance.

Or la Justice constitue le socle sur lequel devra se fonder notre contrat social et son renforcement sera l’action prioritaire de mon Gouvernement : il importe à ce tournant décisif de la vie nationale de lui accorder une attention particulière pour qu’elle soit à la hauteur de sa mission de garantir la stabilité sociale et le respect de tous les droits fondamentaux du peuple.

Tous les moyens seront mis en œuvre sous mon Gouvernement pour que la Justice soit remaniée à tous les points de vue, que ce soit structurel, organisationnel et fonctionnel.

Des signaux clairs ont déjà été lancés. A l’initiative des autorités en place, des postes essentiels au sein du système ont été comblés notamment au sein de la Cour de Cassation et au niveau du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire.

Honorables Parlementaires,

L’indépendance de la magistrature sera au cœur de ma politique. C’est le seul moyen de remédier à ce phénomène d’impunité sélective, ayant pour conséquence la violation massive des libertés individuelles. De ce point de vue, toutes les dispositions seront prises pour mettre les magistrats à l’abri des pressions multiformes.

Ceci dit, la politique judiciaire que je compte mener sera orientée dans deux directions. En premier lieu, il s’agira de mettre en place un plan de recrutement et de formation des juges et du personnel judiciaire pour suppléer à la carence à ce niveau. En second lieu, davantage de tribunaux seront créés, de manière à rapprocher la Justice de la population. Cette politique s’articulera autour de deux axes prioritaires.

Le premier axe concerne la formation. L’école de la Magistrature ouvrira désormais ses portes aux huissiers, aux greffiers et aux Officiers d’État Civil et aussi au personnel des Cours et Tribunaux à travers l’établissement de branches rattachées à certains Tribunaux de Première Instance suivant un curriculum préétabli.

Le second axe est le renforcement des mécanismes institutionnels de contrôle. Ainsi, sera renforcé, le Conseil supérieur du pouvoir judicaire : une instance suprême de surveillance, de discipline et de gestion de l’institution judiciaire, dans la plus grande indépendance qui soit à l’égard des pressions politiques et des secteurs économiques puissants.

Mon Gouvernement s’interdit d’ores et déjà de s’immiscer dans la distribution de la Justice pour quelque motif que ce soit. Toutefois, il s’évertuera à lui offrir un cadre adéquat et un environnement adapté à ses besoins. C’est du reste un vœu plus d’une fois renouvelé par le Président Martelly qui souhaite que durant son mandat la Justice soit dotée de tous les moyens.

SYSTÈME PÉNITENTIAIRE

Les statistiques dans le domaine indiquent un dysfonctionnement caractérisé du système. D’une manière générale, entre 15 à 25 % des détenus sont jugés. Tout le reste de la population carcérale, soit environ 85%, sont en détention provisoire prolongée au-delà des délais posés par la loi. A cela, il faut ajouter que les conditions de détention demeurent particulièrement inquiétantes, notamment en période d’épidémie, aussi bien pour les femmes que pour les hommes.

Il convient de s’attaquer avec détermination à cette situation en vue de réduire à un taux acceptable ces chiffres, à défaut de les changer radicalement, en employant les détenus les moins dangereux dans des travaux d’intérêt communautaire, en mobilisant un personnel efficace pour connaître de chaque espèce et juger comme il convient les prévenus. Ce problème est intimement lié à la carence des juges et aux moyens dont dispose l’État pour faire face à la délinquance. Des programmes d’assistance seront orientés vers nos partenaires privilégiés en ce sens.

Il ne fait pas de doute que les parquets demeurent les courroies de transmission entre les Pouvoirs Exécutif et Judiciaire. Il est de toute urgence de renforcer ce principe dans la perspective du respect de l’indépendance de la Justice. Le Ministère de la Justice sera chargé de s’assurer que les membres de cette institution fassent montre de plus de professionnalisme dans l’exécution de la politique judiciaire du Gouvernement, de manière à prévenir les changements répétés au sein des Parquets.

SÉCURITÉ PUBLIQUE

Honorables Parlementaires,

Le droit à la sécurité constitue le fondement de l’exercice des libertés individuelles et collectives pour lesquelles notre peuple a combattu tout au cours de son existence. Mon Gouvernement s’imposera l’impérieux devoir non seulement de respecter ces acquis, mais aussi de les faire observer par tous les organes chargés de les appliquer.

La délinquance est devenue une des caractéristiques de la société haïtienne. L’insécurité qu’elle a engendrée exige des mesures sérieuses auxquelles la population s’attend. Certains points du territoire national sont devenus des plaques tournantes de la drogue. Les grandes villes, notamment la région métropolitaine, sont les plus touchées par ce phénomène d’insécurité (délits, crimes, kidnapping, viol...). Pour barrer la route au banditisme sous toutes ses formes, nous avons besoin d’une Police Nationale forte, efficace et ponctuelle; de forces d’intervention rapides, équipées, entrainées et décidées à remplir leur fonction de protéger et servir la population.

Les dispositions à prendre font appel à un renforcement systématique des capacités de contrer avec toute la fermeté requise l’action des bandits, quelque soit son acabit, sa taille, sa fortune ou ses appartenances.

Je vais, tout au long de cet énoncé, souligner à l’eau forte, la nécessité de mobiliser toutes les capacités de mon Gouvernement à mettre en place une politique favorable à l’investissement. Ce sera cependant un vain sacrifice si l’insécurité continue de figurer sur la carte de visite d’Haïti. Vous comprendrez ainsi ma détermination à donner à la Police Nationale les moyens dont elle a besoin pour s’acquitter de ses lourdes responsabilités.

Sous mon Gouvernement, chaque policier, quelque soit son grade, bénéficiera de tous les privilèges et avantages dus à son rang.

Une augmentation sensible de l’effectif de la Police Nationale et un apport en logistique adéquat seront entrepris immédiatement. Nous avons aujourd’hui un effectif de 10,600 policiers. L’Académie a les moyens d’en former 1000/année. Il nous faudra trouver les mécanismes, voies et moyens de « faire mieux » car mon Gouvernement estime à 25,000 le nombre idéal de policiers pour assurer la sécurité de la population.

Une des priorités de mon Gouvernement en matière de justice demeure le respect du droit de propriété. C’est une garantie qu’il faut offrir pour la stabilité sociale et la confiance à établir pour ceux qui désirent investir notamment dans le secteur du logement ou de l’agriculture.

Honorables Sénateurs,

En conclusion, je rappelle que l’Etat de Droit est d’abord un état qui respecte la loi. Pour être en conformité aux prescrits de la loi mère, nous entendons matérialiser les objectifs suivants :

1. La nomination du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire ;

2. La nomination du juge manquant à la Cour de Cassation ;

3. L’organisation des élections législatives et locales avant la fin de l’année.


Toutes les actions ci-dessus mentionnées supportent une volonté ferme de mettre en œuvre une politique en matière de justice dont les grands axes porteront sur :

1. La réactivation du chantier de la réforme judiciaire ;

2. L’établissement d’un système national de casier judiciaire ;

3. La sensibilisation de la population sur le fonctionnement de la justice ;

4. La formation du personnel judiciaire en mettant l’accent sur la responsabilité et l’obligation de résultats ;

5. L’établissement d’un système national d’assistance judiciaire ;

6. L’établissement d’un véritable système de carrière pour les juges, magistrats et le personnel judiciaire;

7. L’activation du processus de réforme des codes et des lois.

2e « E » : ÉCONOMIE ET EMPLOI

HAÏTI : PAYS ÉMERGENT EN 2030

Le Plan Stratégique de Développement d’Haïti s’inspire d’une vision : celle d’un peuple qui aspire à vivre dans une société juste, solidaire évoluant en harmonie avec sa culture et son environnement; une société moderne, où règne l’Etat de Droit et la liberté d’association et d’expression, une société dotée d’une économie diversifiée, dont les fruits bénéficient à tous et non à une minorité, une société ou les besoins de base de la population sont satisfaits, une société offrant un accès universel à l’éducation de base, une maîtrise des qualifications par la formation professionnelle et aussi une capacité d’innovation scientifique et technique, par un système universitaire moderne, une société soutenue par un État décentralisé, garant de l’application des lois et de l’intérêt des citoyens.

La politique générale de mon Gouvernement table sur une meilleure cohésion des politiques publiques et un renforcement qualitatif des relations entre les trois (3) pouvoirs, en vue d’une augmentation de la richesse nationale par la promotion de l’investissement privé avec une emphase particulière sur les petites et moyennes entreprises pour un élargissement de la classe moyenne. Ce programme prévoit une augmentation substantielle de la production nationale et une convergence progressive vers l’autosuffisance alimentaire, laquelle autorisera une réduction des sorties de devises ainsi que des vulnérabilités aux flambées des cours internationaux de produits alimentaires.

Mon Gouvernement s’attaquera à un ensemble de freins structurels à l’investissement, notamment : les problématiques de l’identification des citoyens, des titres de propriété valides, de la contrebande en général notamment au niveau de la frontière Haïtiano-dominicaine. Cette contrebande frontalière entame sérieusement la compétitivité de notre production locale et compromet l’accès élargi au crédit qu’il soit résidentiel, agricole, commercial et industriel.

L’État favorisera les investissements dans les secteurs d’exportation de biens et services en créant un cadre favorisant l’émergence des zones économiques intégrées à travers des partenariats public-privé. Le Gouvernement Martelly-Lamothe jouera pleinement son rôle de catalyseur de l’investissement privé dans les secteurs compétitifs de l’économie à travers un train d’actions visant :

1. Le recours systématique aux partenariats public-privé pour contourner la contrainte du déficit de moyens financiers de l’État ;

2. L’utilisation de la liquidité oisive du système bancaire pour le financement de projets viables et solvables.

3. Un support particulier aux micros, petites et moyennes entreprises par l’élargissement de l’accès au crédit, l’intensification de la formation professionnelle et la formalisation des activités des opérateurs informels.

Honorables parlementaires

Pour créer les conditions permettant à Haïti de devenir un pays émergent dans l’horizon 2030, mon Gouvernement entend mettre en branle une série de mécanismes et un ensemble de mesures et de politiques publiques favorisant l’investissement dans des pôles de développement géographiques et sectoriels qui seront déterminés en fonction des potentiels régionaux. Les principaux secteurs ciblés seront le Tourisme, l’Agriculture, l’industrie textile, les infrastructures (Télécommunications, électricité, routes, ports et aéroports) et la Construction avec un accent particulier sur les immeubles de l’Administration Publique et l’accès au logement.

Parmi les mesures notons :

1. Le développement de nouveaux mécanismes d’appui aux PME. Nous cogitons déjà en urgence sur la mise en place d’un Fonds de solidarité aux femmes et aux paysans.

2. la rénovation du Code des Investissements, de la Loi sur les Zones Franches et du Régime Fiscal en vigueur.

3. La Rénovation du cadre des affaires

4. Le renforcement du secteur des assurances à travers une régulation appropriée ;

5. L’intensification de la lutte contre la corruption et la contrebande ;

6. Le renforcement des organes de perception et l’augmentation sensible des recettes fiscales.

7. Le Renforcement du Centre de Facilitation des Investissements (CFI).


Honorables parlementaires,

Dans le cadre d’une stratégique économique planifiée, l’espace de dialogue entre le Gouvernement et le secteur privé doit être permanent et institutionnalisé. A ce propos, mon Gouvernement se réjouit de pouvoir initier avec le secteur privé des affaires des échanges productifs qui permettront une collaboration profitable à cour et à long terme. Tant au niveau des chambres de commerce départementales se retrouvant sous l’égide de la Chambre de commerce et d’Industrie d’Haïti que du Forum économique et social, organisation regroupant les associations patronales et d’importantes entreprises du pays, que des diverses organisations regroupant des agriculteurs, petits commerçants et micro entrepreneurs, je me réjouis de la qualité des discussions déjà entamées.

Dans le cadre d’un dialogue institutionnalisé, mon Gouvernement continuera de mettre en place des mécanismes organisationnels permettant au Secteur Privé des Affaires, aux institutions de la Société Civile et aux Partenaires Extérieurs d’Haïti, d’apporter une contribution efficace à l’Etat Haïtien, en vue de l’amélioration du cadre d’accueil de l’investissement. Sur le chemin du dialogue institutionnel public- privé, d’autres initiatives seront encouragées. Nous mettrons en place le Conseil de Développement Économique et Social (CDES), dont la mission est d’assurer le pilotage du dialogue social entre les différents secteurs de la vie nationale pour formuler les recommandations consensuelles sur les voies et moyens à adopter pour réussir le pari du développement.

Mon Gouvernement comptera sur le secteur privé pour qu’il soit une force unie de proposition de Réformes, d’arrêtés et de mesures administratives pour la Modernisation du Cadre Légal et Réglementaire des Affaires.

Chemin faisant, j’invite également les entreprises du secteur privé à faire face à leurs responsabilités fiscales. Le Gouvernement s’engage à remplir son rôle. Le secteur privé doit également jouer le sien pleinement et en toute transparence. La politique sociale que compte mener mon Gouvernement ne sera possible que si les citoyens et les entreprises paient leurs taxes intégralement. Nous y veillerons attentivement.

Honorables parlementaires,

Mon Gouvernement s’attachera à préserver la stabilité macroéconomique à travers des politiques fiscales et monétaires harmonisées qui, tout en visant un contrôle de l’inflation et du taux de change, ne devront pas empêcher l’Etat de jouer un rôle prépondérant en terme d’impulsion économique.

Bien sûr, la stabilité interne et externe de la monnaie est essentielle à la croissance. Celle-ci permet la baisse des taux d’intérêt, rassure les investisseurs tant nationaux qu’étrangers et encourage les projets à moyen et long terme porteurs de croissance durable.

Mon Gouvernement travaillera avec les organes spécialisés de l’État et le système financier pour maintenir les conditions les plus favorables à l’inclusion financière aussi bien qu’à la croissance et l’élargissement du crédit.

La stabilité macroéconomique a permis une baisse substantielle des taux d’intérêts créditeurs des banques, ce qui a induit une croissance appréciable du crédit, par exemple de plus de 20% en 2011.

Nous tâcherons de maintenir cette stabilité par une bonne coordination des politiques fiscale et monétaire.

Mais, pour réussir le pari de faire d’Haïti un pays émergent en 2030, il faut faire croître l’économie à des taux élevés dépassant 10%. Cela ne sera possible que si les politiques et réformes appropriées sont mises en œuvre de manière résolue et coordonnée pour stimuler l’investissement et libérer les énergies créatrices.

Les taux de croissance élevés nécessiteront d’un coté un effort important d’investissements publics financés par des ressources locales ainsi que par l’aide extérieure, et de l’autre côté, des Investissements Directs Etrangers qui amélioreront le solde global de la balance des paiements. Du côté de l’offre, la croissance sera portée entre autres par le secteur agricole (+5%), la construction (+ 11%), l’industrie manufacturière (+ 12%) et les services (+ de 6%). Ce sont les filières porteuses, les grappes prioritaires et les moteurs de la croissance recherchée.

Honorables Parlementaires,

La priorité sera également accordée au crédit en milieu rural.

Les institutions financières du pays ont toujours affiché une certaine réticence au financement agricole en raison des risques élevés qui caractérisent ce secteur. L’assurance des autorités étatiques quant à la mise en œuvre des politiques publiques mentionnées dans mon énoncé pourrait les inciter à allouer une partie de leurs ressources aux projets agricoles.

Mon Gouvernement envisage des mécanismes incitatifs autorisant le crédit agricole via des institutions financières privées à des conditions favorables. Cela pourrait constituer une initiative judicieuse dans un contexte où le système bancaire jouit d’un volume important de liquidités excédentaires.

Notez bien, honorables parlementaires, que mon Gouvernement favorisera la réduction des risques associés au marché du crédit par notamment l’utilisation systématique de mécanismes juridiques ou financiers, tels que : le leasing, le gage sans dépossession et la garantie partielle du crédit, visant à réduire les barrières à l’accès au crédit et accordera une attention particulière aux secteurs clefs comme la construction, le tourisme et l’agriculture.


L’AGRICULTURE

Tout a déjà été dit du déclin de l’agriculture haïtienne, jadis le secteur le plus performant de par sa contribution au PIB. Près de 75% de la population haïtienne travaille dans le secteur agricole ; 68% de la population consomme des produits importés donc reste dépendante de la variation des prix des produits alimentaires sur le marché international.

La vision de mon Gouvernement pour le secteur agricole s’articule autour d’une agriculture :

1. Rentable, et donc capable de fournir un revenu acceptable aux producteurs;

2. Productive et performante, pour répondre aux besoins d’une population croissante;

3. Moderne, donc intégrant des outils et techniques plus avancés;

4. Durable, donc respectueuse de l’environnement;

5. Génératrice d’emplois stables et de devises pour l’économie nationale.

Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté extrême, mon Gouvernement s’est fixé, entre autres, les objectifs spécifiques suivants :

1. Éliminer les blocages au niveau du foncier par la révision du cadre juridique en matière foncière ;

2. Réduire de 25% la dépendance alimentaire pour atteindre un taux d’autosuffisance de 60% au bout des quatre prochaines années;

3. Accroître la productivité des populations rurales par le renforcement de l’organisation et de la capacité des acteurs ;

4. Mettre en œuvre un Plan global de mécanisation agricole ;

5. Encourager un partenariat actif entre les producteurs agricoles et les micros, petites et moyennes entreprise agro-industrielles ;

6. Faciliter l’accès au crédit des promoteurs agricoles et des groupements de jeunes désirant se lancer dans l’agriculture en développant des mécanismes innovants;

7. Réaliser des infrastructures hydro-agricoles (grande et petite irrigation) dans la perspective d’une augmentation significative de la production agricole d’ici 2015 ;

8. Augmenter la production locale de riz de manière à couvrir une plus grande partie de la consommation nationale.

L’agriculture haïtienne constitue un secteur clé de la dynamisation de l’économie. Pour relever ce lourd défi, il faudra tenir compte :

1. D’un ensemble de facteurs dont la situation critique des infrastructures d’appui au développement agricole ;

2. De la déficience des structures de stockage et de conservation des produits agricoles ;

3. De l’approvisionnement inapproprié en intrants agricoles ;

4. Du crédit dans le secteur agricole et agroindustriel.

Mon Gouvernement accordera une attention spéciale aux périmètres à irriguer : 30,000 HA à réhabiliter, 40,000 HA à construire, principalement dans des régions du pays traditionnellement laissées pour compte telles que Savane Diane dans l’Artibonite et le Centre, la Plaine de Maribaroux, la Plantation Dauphin dans le Nord-est, la Plaine des Baconnois dans les Nippes, le Farwest dans le Nord- ouest.

D’autre part, mon Gouvernement procédera :

1. Au curage des canaux des systèmes d’irrigation fonctionnels, en particulier les 34,000 HA de la Vallée de l’Artibonite,

2. Au curage de la rivière Salée pour augmenter de 20% l’offre agricole de la région globalement.

Un effort particulier sera fait sur :

1. Des centaines de lacs collinaires ;

2. Des milliers de citernes individuelles ;

3. Des dizaines de barrages de retenue sur les rivières surplombant des espaces exploitables pour renforcer l’aquaculture et développer l’agriculture intensive.

Concernant l’extension des voies d’accès agricoles, mon Gouvernement prévoit un vaste programme de réhabilitation (850 km) et de percement de pistes agricoles (1500 km) majoritairement sur la base de travaux à haute intensité de main d’œuvre (plaines du Nord-est, du Nord, le Plateau Central, le grand périmètre de l’Artibonite, le Sud-est, les Nippes, le Nord-ouest, le Sud-ouest).

Le Développement des filières constituera un autre élément clé de la politique agricole : La mise en valeur des réserves foncières du pays (Nord, Nord-est, Plateau Central) par la création d’exploitations agricoles modernes, la reprise des exploitations agricoles importantes délaissées depuis quelques années (plaine des Cayes, Léogane, Arcahaie, Plaine du Nord)...

LES TRAVAUX PUBLICS

Au niveau des infrastructures, la stratégie consiste à développer un réseau routier primaire et secondaire de qualité. Aussi, il sera construit, dans la logique de désenclavement, des réseaux routiers destinés à relier les zones à fort potentiel de production qui sont aujourd’hui pratiquement inaccessibles en saisons pluvieuses aux marchés intérieurs.

Au delà du réseau routier, il s’agit également d’ouvrir le pays sur la région et sur le monde par la construction et la modernisation des ports et aéroports.

1. L’Aéroport International Toussaint Louverture est en cours de réhabilitation.

2. La rénovation de L’Aéroport International du Cap-Haïtien est une des priorités majeures du Gouvernement et la livraison de l’ensemble des travaux est prévue pour février 2013.

3. Idem pour l’Aéroport de Jacmel, ceux de Jérémie, Hinche et Port-de-Paix.

Le port de Port-au-Prince sera reconstruit.

Nous opterons pour le choix des partenariats public/privé (PPP) tout autant que cette formule se révèle la plus apte à offrir un service de qualité au citoyen.

Au niveau du sous-secteur de l’Energie, mais aussi de l’Eau Potable et de l’Assainissement (EPA), la stratégie visera à accompagner les efforts de restructuration et de modernisation des dispositifs existants (Ed’H et DINEPA) afin d’en faire des opérateurs efficaces pouvant accroître l’offre et la qualité des services publics tant dans les zones urbaines que rurales.

L’INDUSTRIE

La politique en matière industrielle vise à soutenir l’entreprenariat en particulier les Micro, Petites et Moyennes Entreprises en vue du développement d’un tissu national plus dynamique qui pourra, entre autres, assurer une recapitalisation des classes moyennes par l’accompagnement, la formation, l’accès au crédit, les incitations à l’investissement, particulièrement dans les pôles de développement et les zones éloignées.

Ainsi, la stratégie sectorielle industrielle de mon Gouvernement table sur :

1. La modernisation du cadre légal des affaires et l’harmonisation des lois et procédures nationales;

2. La création et la consolidation d’un tissu de micro entreprises et de coopératives de transformation des produits agricoles et de production de services ;

3. L’appui technique aux petites et moyennes industries en leur apportant les services nécessaires au développement de leurs activités ;

4. L’implication des associations de la diaspora haïtienne dans les projets d’investissements industriels.

5. La mise en œuvre des mesures capables de favoriser la promotion et la croissance des investissements dans l’industrie des biens et services destinés aussi bien au marché intérieur (Alimentation et artisanats de service) et au marché extérieur (sous-traitance).

La filière Vêtements et Industries légères doit retenir notre attention de façon soutenue. Malheureusement, notre pays ne compte que deux parcs industriels hébergeant 90% des usines textiles du pays. Aussitôt mon Gouvernement installé, nous allons veiller à ce que le pays bénéficie des retombées des lois HOPE II / HELP.

Grâce à ces lois, valables pour une période de 10 années consécutives à compter de 2010, l’industrie textile haïtienne aura la capacité de doubler et voir même tripler sa production se plaçant par la même occasion, en tête de file des pays exportateurs de produits textiles vers les États-Unis d’Amérique. Une telle initiative participe de notre objectif visant à atténuer la pauvreté extrême.

Pour favoriser la dynamisation industrielle, mon Gouvernement envisage des partenariats privé- public pour la construction de mini parcs industriels et commerciaux, logés à proximité des nouveaux lotissements et logements à construire.

LE TOURISME

Dans les années 60, Haïti était – avec Cuba et Puerto-Rico, l’une des trois plus importantes destinations touristiques de la région. Notre idéal pour Haïti est qu’il retrouve sa grandeur d’antan. Pour cela, mon Gouvernement entend faire du tourisme un pilier de sa politique de développement économique. Durant cette dernière année, les excellentes initiatives entamées tant par le ministère que par les opérateurs du tourisme devront être encouragées et complétées. La tâche n’est pas facile car nous savons tous combien ce secteur est affecté par des facteurs comme l’insuffisance d’infrastructure d’accueil, la faiblesse de la qualité de l’offre et le problème d’image que confronte la destination. Toutefois, notre magnifique pays présente des avantages comparatifs énormes en raison de sa position géographique, son climat, la beauté de ses sites naturels, son patrimoine culturel et historique, sa peinture, sa musique, son folklore...

Aujourd’hui, le tourisme est devenu le secteur le plus dynamique de l’économie mondiale. Dans certains pays de la région, le tourisme représente près de 75% du PIB et génère des millions d’emplois. Nous ne saurions rester en dehors de cette donne. D’ailleurs mon Gouvernement note déjà avec plaisir que des investisseurs privés haïtiens et étrangers ont déjà fait le bon choix : celui d’investir dans des infrastructures hôtelières de qualité internationale.

L’engagement solennel de mon Gouvernement est de remettre Haïti sur la carte touristique mondiale, en comptant d’abord sur une clientèle captive : notre Diaspora pour ensuite attirer la clientèle internationale. Pour cela, la stratégie touristique de mon Gouvernement s’articulera autour de trois (3) axes : la formation ; la réglementation et la promotion.

L’amélioration de l’image du pays passe par la promotion et la valorisation de notre passé glorieux, de notre culture et de nos différentes destinations touristiques. Nous planifierons systématiquement l’organisation des voyages de familiarisation pour les agences de voyages, les tours opérateurs et de presse spécialisées. Mon Gouvernement mettra en place un curriculum national de formation touristique et l’ouverture d’écoles professionnelles des métiers au tourisme.

Ces actions doivent être articulées autour d’une double nécessité. D’abord celle d’attirer l’investissement direct dans le but de redynamiser le secteur, ensuite celle d’assumer le parti pris pour le développement d’un tourisme durable. La stratégie ouverte au partenariat public-privé, prévoit la finalisation et l’application des plans d’aménagement des régions touristiques prioritaires selon « le plan directeur tourisme ». De manière plus spécifique nous prévoyons le développement de deux pôles balnéaires l’un au Nord et l’autre au Sud à l’horizon 2014. En ce sens, dès le mois de juin 2012, mon Gouvernement initiera l’élaboration des Plans d’Aménagement de ces deux régions retenues.

Honorables parlementaires, nous devons, nous pouvons, nous allons valoriser nos ressources naturelles de façon systématique et planifiée. Nous allons sans relâche – avec comme arme notre foi inébranlable qu’Haïti est l’un des plus beaux pays au monde – proposant un produit diversifié (Historique, culturel, balnéaire).

Pour cela, nous considérons comme essentielles les trois composantes suivantes :

1. Une première composante qui consiste à accompagner le Ministère du Tourisme dans la gouvernance du secteur. Ainsi, seront prises des actions de formation d’inspecteurs et d’autres métiers liés au tourisme, le montage d’un bureau de standardisation, l’implantation de Kiosques pour la gestion de sites touristiques et de formation continue de professionnels du secteur ; la formation aux métiers du tourisme ; l’ouverture d’écoles techniques dans les différentes régions touristiques avec l’implémentation à port au prince pour 2014 de l’INFHOT (Institut National de Formation Tourisme et en Hôtellerie)

2. Une deuxième composante vise la rentabilité de l’existant. En effet, nous allons développer simultanément les clusters que sont les régions Nord, Sud-Est, Côtes des Arcadins, bas Artibonite et Sud (Cayes, Camp-Perrin, Ile a Vaches et Port-Salut). Au cœur de cette dynamique, nous prévoyons des actions d’aménagement de plages, de gestions des sites naturels et de monuments historiques.

3. Pour la région touristique Sud, des activités de valorisation sont envisagées pour Grotte Marie Jeanne, Pic Macaya et Saut-Mathurine.

La construction d’infrastructure à la plage Gelé

La construction d’un débarcadère touristique près du port des Cayes

Aménagement de l’aéroport des Cayes à niveau International

Pour la région touristique Côtes des Arcadins-Centre-Artibonite, notons les projets d’aménagement touristique de Saut d’Eau, de la plage publique de la Côte-des-Arcadins, de Marchand Dessalines en passant par les rizières de l’Esther.

Pour la région touristique Sud-est, des actions d’aménagement touristiques seront exécutées afin qu’elle soit prête à accueillir des bateaux de croisière et des touristes au cours de l’année 2013.

Les projets considérés par mon Gouvernement sont :

1. La Mise en valeur touristique du centre historique de Jacmel ;

2. L’Aménagement touristique de Congo plage, Raymond les bains et le Port Touristique de Jacmel;

3. L’Expansion de l’Aéroport de Jacmel pour le rendre International ;

4. L’Aménagement touristique de Bassin bleu.

Pour la région Nord, également des actions d’aménagement touristique seront entreprises pour que le Parc National Historique puisse s’ouvrir aux visiteurs, et que le port du Cap-Haïtien puisse accueillir des bateaux de croisière dans les deux prochaines années. Les projets sont :

1. Aménagement et Gestion du Parc National Historique et Sans-Souci;

2. Mise en valeur touristique du centre-ville du Cap;

3. Aménagement de l’aéroport du Cap à niveau international;

4. Aménagement de l’Accueil Acul du Nord - Baie de L’Acul, Milot.

La troisième composante est également d’une extrême importance ; car elle consiste à faire la promotion du tourisme tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Haïti. Ainsi, un ensemble d’actions de Promotion se fera à travers certaines foires internationales.

Cette stratégie s’articulera autour de la nouvelle campagne de changement d’image et de promotion de la Destination Haïti. A cet effet, nous développerons une campagne de promotion auprès notamment de la diaspora haïtienne afin qu’elle revienne passer des vacances au pays.

A un autre niveau en vue d’accueillir les nombreux touristes que nous espérons pour la saison des vacances d été et faciliter leur séjour en Haïti, mon Gouvernement compte installer des kiosques d’accueils dans les principaux aéroports internationaux et aussi des kiosques d’informations dans les différentes régions touristiques du pays.

Les dispositions susmentionnées participent d’une velléité de faire du tourisme une des filières privilégiées de création d’emplois et du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) visant à faire d’Haïti un pays émergent en 2030.

LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION

Le tremblement de terre a détruit 60% de Port-au-Prince et 80% des villes de Léogane, Petit-Gôave et Jacmel. Plus de 70% de la population urbaine vit dans des quartiers sans services de base. Le problème d’accès au logement s’explique principalement par la faiblesse des revenus, le manque de financement et les problèmes fonciers.

Mon Gouvernement entend initier la reconstruction du pays par la mise en œuvre de politiques publiques réduisant les risques liés au financement du secteur de la construction. Il se penchera notamment sur des incitations aux promoteurs immobiliers.

Au nombre des incitations considérées par mon Gouvernement, il importe de mentionner :

1. L’exonération des banques de l’obligation légale de constituer des réserves obligatoires sur les ressources allouées aux financements immobiliers ;

2. La réduction des droits d’inscription hypothécaire ;

3. La multiplication de programmes de taux d’intérêt fixe à long terme.

Dans le cas particulier du centre-ville de la capitale, je tiens à préciser que l’arrêté de déclaration d’utilité publique sera modifié, afin d’établir un zoning et de limiter l’utilité publique aux stricts besoins de l’état pour ses bâtiments. Cela libèrera ainsi les forces créatrices de l’investissement privé.

De plus, mon Gouvernement prévoit allouer une part importante du produit de l’annulation de la dette à des programmes de support à la reconstruction.

Au niveau du logement, la stratégie devra lever les contraintes financières, compenser la faiblesse du système d’enregistrement des titres de propriété, et assurer la publication des codes de construction.

Dès le premier jour de mon installation comme Chef de Gouvernement, je demanderai de publier la politique de l’habitat et du développement urbain et d’élaborer un cadre normatif définissant les prescriptions techniques à appliquer à tous les projets de construction de logements sociaux.

Mon Gouvernement entend continuer la mise en œuvre des projets suivants :

1. La construction de 2,000 logements au bas du Morne à cabri ;

2. La construction de 1,000 unités à Duvivier ;

3. La construction de plusieurs villages intégrés totalisant 1,440 logements dans la zone de Cabaret;

4. La construction de villages intégrés à Fort liberté, Ouanaminthe, Caracol, Terrier rouge et Quartier Morin totalisant 5,125 logements ;

5. Un programme de construction de logements totalisant près de 5,000 unités dans tous les départements;

6. L’élaboration d’un plan d’urbanisme opérationnel pour le site de Canaan. Les infrastructures de base (routes, les réseaux d’eau, d’assainissement et d’électricité) seront également construites pour permettre aux 7,203 familles recensées dans la zone, de vivre dans un environnement organisé, planifié et salubre ;

7. Un programme de densification des quartiers déjà urbanisés ;

8. La réhabilitation de 17 quartiers populaires. En particulier, l’investissement de 30 Millions de dollars dans le quartier de Jalousie.

Honorables Parlementaires,

Il est évident que la situation des camps restera une priorité pour l’administration Martelly-Lamothe. Avant même son accession au pouvoir, le Président Martelly avait demandé à son équipe de se pencher sur la problématique des déplacés, et de proposer un plan d’action immédiat et réaliste. Aujourd’hui, les résultats sont palpables. En effet, le Projet 16/6, lancé en août dernier à déjà permis la relocalisation de plus de 8,500 familles (51,000 personnes). Les 6 camps associés à ce programme sont maintenant fermés (Place Saint-Pierre, Place Boyer, Place du Canapé-Vert, Aéroport-Mais Gaté, Stade Sylvio Cator et Primature).

L’enveloppe globale du projet de déplacement des sinistrés du 12 janvier totalise $ 98 millions dont $ 50 millions ont déjà été trouvés. Ce projet demeure un symbole de collaboration exemplaire entre la Présidence, le Gouvernement, les autorités locales et la communauté internationale. Mon Gouvernement entend continuer sur cette lancée.

A l’heure où je me présente devant vous, honorables parlementaires, la relocalisation des sans-abris du Champs de Mars, à quelques mètres de cette illustre enceinte, est en cours. 67% des familles ont été relocalisées et 100% le seront d’ici cet été.

Mon Gouvernement entend s’attaquer immédiatement aux 45 camps situés dans les écoles nationales. L’UCLBP aura la responsabilité de transformer les différents projets initiés en un véritable programme national afin de libérer les 600 camps toujours occupés.

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION

Honorables parlementaires,

Vu l’importance des Technologies de l’Information et de la Communication, mon Gouvernement en fera un outil de son action. C’est d’ailleurs un immense plaisir pour moi de vous donner la primeur des grands projets technologiques de mon Gouvernement dans le cadre du programme Gouvernement 2.0.

Il s’agit :

1. De la modernisation de l’identification des citoyens et du Registre Civil;

2. Du Cadastre National ;

3. De la modernisation du service au citoyen ;

4. De l’enregistrement des entreprises en ligne ;

5. Du système financier intégré ;

6. Des cyber-centres dans tous les lycées publics nationaux ;

Les progrès observés en matière de technologies de l’information et de la communication lors de la dernière décennie ont apporté de grandes améliorations et des opportunités sans précédent pour la participation d’Haïti aux réseaux de l’économie mondiale. Une utilisation rationnelle des technologies contribuera à réduire les gaspillages dans l’administration publique, permettant ainsi de disposer de plus de moyens pour financer la politique sociale contre l’exclusion et l’extrême pauvreté.


3e « E » : ENVIRONNEMENT ET AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

ENVIRONNEMENT

Honorables parlementaires,

Parler d’environnement en Haïti est pénible pour nous citoyens si attachés à cette terre natale. L’arrêt de la dégradation et la restauration de notre environnement passeront nécessairement par un investissement massif dans des actions concrètes de préservation de l’environnement. En matière environnementale, mon gouvernement entend :

1. Réduire, par le recyclage systématique, au moins 20% de la quantité de déchets solides et liquides produits et déversés dans les décharges publiques.

2. Arrêter le processus de déboisement et rentrer dans une ère de reboisement qui conduira, à la fin du quinquennat présidentiel, à une amélioration substantielle de la couverture arborée.

3. Arrêter l’expansion des bidonvilles et réorganiser l’occupation de l’espace territorial afin de réduire les vulnérabilités inhérentes aux changements climatiques.

4. Créer plus de 20,000 emplois durables dans des activités de restauration et de sauvegarde de l’environnement.

Les actions du Gouvernement pour atteindre ces objectifs tourneront autour de trois paramètres.

1. La réorganisation de la gouvernance environnementale en Haïti. Le décret d’octobre 2005 a créé le système national de gestion de l’environnement (SNGE). Cependant, les mécanismes de coordination des acteurs ainsi que l’adaptation des responsabilités institutionnelles n’ont pas été mis en place, laissant ainsi des confusions sur le rôle de chaque acteur. Mon gouvernement apportera une solution à ce problème rapidement en réorganisant la gouvernance environnementale du pays et en restructurant le ministère de l’environnement.

2. Le renforcement des capacités pour la gestion de l’environnement. Des nouveaux agents environnementaux seront formés et déployés dans les différentes communes. La jeunesse sera invitée à s’impliquer dans les programmes de reboisement et de protection.

3. Le volet pédagogique. L’éducation est la base de tout changement durable. Toute politique environnementale doit être accompagnée d’un réapprentissage comportemental du citoyen. C’est à ce compte que sera entrepris une vaste campagne de sensibilisation autour de la thématique de l’environnement.

Mon gouvernement entend lancer un programme national de reforestation avec la mise en place de distribution de plantules pour la création de 1,130 pépinières dans les sections communales et la restauration de 173,200 hectares de terre autour des bassins versant.

La mise en place de centres de compostage, la mise en œuvre de plans de réhabilitation de bassins versants surplombant des périmètres a risque seront parmi les priorités de mon gouvernement.

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

L’espace haïtien est caractérisé par une importante dégradation du milieu physique, découlant non seulement de la pression démographique et de l’augmentation rapide du taux d’urbanisation au cours des 15 dernières années, mais aussi de la mauvaise organisation de l’espace.

Honorables parlementaires, aucun pays ne peut accéder au développement sans vision territoriale. Aussi mon gouvernement entend poser la problématique de l’environnement haïtien comme un tout en adaptant l’aménagement du territoire aux réalités nationales.

A ce propos, une institution clé sera appelée à jouer pleinement son rôle. Il s’agit du Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (CIAT) devant coordonner et harmoniser les actions de mon gouvernement, notamment en matière d’aménagement du territoire, de gestion des bassins- versants, de gestion de l’eau et d’urbanisme.

1. Parmi les grands dossiers en cours du CIAT, les suivants sont d’un intérêt particulier pour le gouvernement :

2. L’appui à l’UCLBP pour lancer la reconstruction du Centre-Ville de Port-au-Prince ;

3. La Participation au pilotage des grands projets de reconstruction de logement et de revitalisation urbaine : Martissant, Baillergeau, Carrefour Feuille, Delmas 32 ;

4. La définition, avec tous les acteurs du foncier, d’une politique nationale de sécurisation foncière et cadastrale à travers deux expériences ;

5. Une nouvelle approche d’aménagement des bassins versants sur tout le territoire.


GESTION DES RISQUEs ET DÉSASTRES

La gestion des risques et désastres reste un défi majeur. Notre pays est de plus en plus exposé à de multiples phénomènes naturels d’ordre climatique, géologique, hydrométéorologique tels que les ouragans, les inondations, la sécheresse, les glissements de terrain, les incendies...

Le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 est surtout révélateur de la nécessité de prendre des dispositions urgentes afin d’investir dans la formation et la sensibilisation de la population haïtienne sur les mesures collectives à entreprendre. Ce, en vue de diminuer la vulnérabilité de nos communautés, protéger les vies et des biens avant, pendant et après une catastrophe.

Depuis plus d’une dizaine d’années, un effort considérable a été fait avec la création de

1. la Direction de la Protection civile ;

2. le Secrétariat Permanent pour la Gestion des Risques et Désastres ;

3. les Comités départementaux, communaux et locaux de protection civile ;

4. les organes de support tant de la société civile que des organisations internationales.

Nous voulons d’ailleurs profiter de cette haute tribune pour saluer l’engagement et l’esprit de bénévolat des différents agents de la protection civile répartis dans les différents départements, communes et sections communales du pays. Nous ne saurions, non plus, oublier l’appui combien important de nos partenaires internationaux, à travers les projets de coopération et de tous les pays amis d’Haïti qui ont en maintes fois accourus pour nous soutenir dans les moments de grandes douleurs.

Onorab Palmantè

A chak gout la pli ki tonbe, tankou sa rive nan mwa davril lan, ki se sezon la pli, tèt tout moun chaje. Pandan nou nan sezon la pli sa a ki déjà komanse, e sezon siklonik ki pra’l rive, sa fè nou sonje rivyè La Wouyòn nan plenn Leogane ki abitye fè anpil dega.

Sa fè nou sonje tou, grann rivyè Cabaret ki touye plizyè moun déjà lè li debòde.

Sa fè nou sonje ankò rivyè Laquinte nan Gonaïves ak tout dega ke li te fè nan lane 2004 ak 2008. E tout lòt rivyè ke nou pa site nan peyi a ki toujou bay pwoblèm.

Se pou tèt sa, gouvènman pa’m nan, nan tèt kole ak Prezidan repiblik la, pran angajman depi jodi a devan nou men’m, ke tout dysposition ap pran pou popilasyon an ka pran yon souf avek tout dega inondasyon kap detwi byen’n ak lavi fanmi nou.

De façon générale, il reste encore beaucoup à faire afin d’arriver à doter le pays d’un Système national de Gestion des Risques et Désastres véritablement adéquat.

Mon gouvernement compte, dès son installation, en plus des actions citées plus haut, engager des ressources financières considérables afin de doter les différentes structures de protection civile de moyens adéquats pour les actions de réponse aux désastres.

Parmi les objectifs identifiés, notons :

1. Neuf (9) centres d’opération d’urgence seront en chantier à travers les neuf (9) autres départements du pays.

2. Le projet de cadre légal du Système national de Gestion de Risques et de Désastres à soumettre au Parlement

3. Près de 2000 agents de protection civile seront formés à travers tout le territoire

4. En ce qui concerne la maitrise de l’aléa sismique, en plus des cinq stations existant, huit autres seront installées et rendues opérationnelles.

DÉCENTRALISATION ET COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Honorables parlementaires,

Je ne vais pas m’attarder à vous décrire la situation de dysfonctionnement des collectivités locales haïtiennes victimes d’une forte concentration des services publics et d’une centralisation à outrance des décisions politiques à Port-au-Prince. Je dirai tout simplement que les chiffres sont édifiants. Pendant que plus de 60% de la population vivent en milieu rural, 2% seulement de la population rurale ont accès aux services sanitaires ; 15% seulement de la population rurale ont accès à l’eau potable ; moins de 10% seulement des écoles primaires publiques sont installées dans les zones reculées et le milieu rural n’accueille que 0.1% des fonctionnaires de l’Etat central.

Pour corriger ce déséquilibre, voire cette injustice, mon gouvernement s’engage à élaborer une feuille de route pour l’opérationnalisation de la décentralisation. C’est une exigence constitutionnelle qui répond à notre vision d’inclusion du plus grand nombre d’Haïtiennes et d’Haïtiens dans la gestion de leurs communautés. Il s’agit de mettre en place une administration de proximité et de responsabiliser les structures décentralisées, les collectivités territoriales et les communautés de base.

Nous allons confier le soin de la régulation des collectivités aux entités locales, plus proches de la population. Mon gouvernement s’engage donc à promouvoir la déconcentration des services de l’Etat et rendre fonctionnel tous les mécanismes favorisant la participation des citoyens qui existent déjà et si nécessaire, à en proposer d’autres.

L’engagement de toutes les structures à tous les niveaux, accompagnées par un Etat central qui organisera et fournira l’expertise : voilà ma conception de la décentralisation. Bien sûr, un programme d’appui technique sera développé au bénéfice des ces entités locales pour combler leur insuffisance le cas échéant.

Parallèlement, ce premier effort normatif et régulateur se couplera avec des initiatives visant une meilleure desserte des services de base à la population. Dans ce sens, nous allons poursuivre le programme novateur ‘’Katye Pam Poze’’, lequel programme consiste non seulement à rapprocher les services de la population locale, mais aussi à impliquer cette même population dans la prise de décisions quant au type de services dont elle a besoin. Les populations locales seront alors les vrais promoteurs de leur propre développement. Cela devra aller jusqu’à la redynamisation des Tables Départementales de Concertation avec une plus grande implication des secteurs organisés de la Société Civile.

Pour suivre et évaluer ce processus opérationnel, je m’engage, comme Premier Ministre, à participer à des Assemblées Communautaires qui se tiendront sur une base périodique dans les différents départements géographiques du pays. Mes ministres seront aussi encouragés à le faire.

Laurent Salvador Lamothe, Premier Ministre d’Haïti

Texte de la Politique Générale du Premier Ministre (Deuxième partie)
https://www.haitilibre.com/article-5598-haiti-politique-texte-de-la-politique-generale-du-premier-ministre-deuxieme-partie.html

Composition du cabinet ministériel du nouveau Gouvernement Martelly-Lamothe
https://www.haitilibre.com/article-5599-haiti-politique-composition-du-cabinet-ministeriel-du-nouveau-gouvernement-martelly-lamothe.html

HL/ HaïtiLibre

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Ducken
Posté le 14/05/2012 12:01:23
Le Premier Ministre ratifié a parlé de la Sécurité Nationale et d'État de Droit. Est-ce qu'il ne pense pas à améliorer la questions des anciens militaires qui se trouvent sur tout le territoire du pays demandant le retour des forces armées d'Haïti?
Gaby
Posté le 09/05/2012 12:55:38
Que du "pale franse"! Un ramassis de paroles en l'air ou l'on promet au peuple qu'une chose:"fok pep la jwenn". Jwenn quoi? encore des promesses barbouillées de politiques mafieuses. S'il fallait compter sur les dix huit déclarations de politique générale de ce quart de siècle, nous serions déjà comme la Chine. M. Lamothe merci, tu as su flatter le peuple dans ses bas instincts: "Fok pep la jwenn (mizè, peut-etre)" Nap jwenn kouran a gogo ti pep mwen", "dlo gonayiv ap sispann touye nou" et apres? [hors sujet]
Lag
Posté le 09/05/2012 02:01:37
Le Premier Ministre a fait mention dans le cadre de sa politique générale de la nécessité d'une politique nationale de l'habitat. je m'attendais a la création d'un Ministère de l'habitat qui sera l'organe regulateur du secteur habitat en Haiti. Ce Ministère aura aussi pour mission de promouvoir la création de coopérative d'habitation a travers le pays. je me pose souvent la question, quel est le rôle de certains Ministère, par exemple Condition feminine, haitiens vivant a l'étranger et j'en passe. Le Premier Ministre a une mauvaise lecture de la situation du pays. Il lui faut [modération] des conseillers.
zacho
Posté le 08/05/2012 21:59:56
je suis tres surpris pour voir comment le Premier Ministre à aborder la question de la sécurité d'haiti tout en répétant ce qu'avait dit la communauté internationale. il n'a que parler de la police, oui nous avons besoin d'une police professionnalisée, bien payée mais que dit la Constitution, la police et l'armée. Hélas haïtiens, tout au temps que nous refusons d'appliquer notre vrai politique nous ne faisons que marcher à reculons. Merci..
 




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