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Haïti - Reconstruction : VIII - Les projets déclencheurs
29/08/2010 13:39:17

Haïti - Reconstruction : VIII - Les projets déclencheurs
Le plan de reconstruction d’Haïti qui a servi de document de référence aux bailleurs de fonds internationaux a été élaboré à partir d’objectifs et de stratégies territoriales en vue de la reconstruction définies par le Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire (CIAT). Ce sont certains de ces objectifs et stratégies territoriales du gouvernement haïtien que nous vous proposons de découvrir dans une série d’articles. Ce 8 ème et avant dernier volet, traite de la question des projets déclencheurs dans le cadre de la reconstruction.












Ces projets poursuivent 3 objectifs :

  • Matérialiser sur le terrain la présence de la puissance publique et créer des points de contact avec la population
  • Apporter à la population un minimum de services pour éviter l’idée d’une reconstruction à deux vitesses.
  • Constituer des chantiers pilotes ou prototypes, en incluant dans leur mise en œuvre une pédagogie des risques et des bonnes pratiques de construction.

Ces projets peuvent se situer à différentes échelles et poursuivre des objectifs différents. Ils seront répartis sur le territoire selon une programmation à établir. Les projets prototypes d’une telle démarche devront être associés à des sites touchés par le séisme.

Dans l’urgence et en restant lié à la notion de dommages qui est l’un des fondements de la reconstruction, les 7 chantiers suivants illustrent l’idée de ces projets déclencheurs :

1 - Les lieux de rencontre et de sociabilité
Exprimer la présence publique dans les quartiers défavorisés. Donner un cadre formel aux relations avec les représentants des habitants. Le premier type de projet déclencheur consisterait à concevoir un ensemble de micro-équipements collectifs insérés en bordure des quartiers défavorisés. Ils ont pour objectif d’apporter aux populations un minimum de services collectifs, de construire les bases de maison des « comités de quartier » et d’installer la présence publique pour favoriser ensuite la transformation de ces quartiers. De nombreux exemples existent qu’il faudra adapter ensuite à chaque situation.

Au Maroc, dans les quartiers de logements sociaux, ce sont les fours à pain et les bains (Hammam) qui sont les équipements de base de ces programmes. En Colombie, à Medelin et Bogota, ce sont de petites médiathèques qui sont associées à des lieux de service.

  • Dans les villes haïtiennes, des lavoirs publics relayés par des bornes fontaines et par des restaurants de rue bien structurés seraient des équipements nécessaires.
  • On pourrait aussi penser à intégrer systématiquement les points de distribution du propane et des cartes de téléphone portable. Une association avec les industriels de ces secteurs essentiels devrait être envisagée pour créer ces liens.
  • On peut ensuite penser à associer ces équipements à un plateau libre (un terrain de football) servant de lieu de sport et de fête, mais aussi de lieu de rassemblement dans les situations de crise. Les locaux de la maison de quartier deviendraient alors des PC de crise naturels.

Des terrains de 8 000 à 10 000 m2 associés à des bâtiments de quelques centaines de m2 suffiraient à remplir ce rôle de points de références pour des quartiers défavorisés de plusieurs milliers d’habitants. Pour tous ces projets, l'appui des associassions de femmes sera recherché.

2 - Les lieux d’échanges
Construire de nouveaux lieux d'échange autour des marchés et des gares routières. Associer ces projets aux nouveaux réseaux routiers en protégeant la fluidité du trafic.

C’est une réalité physique et culturelle, les routes constituent l’espace public majeur du pays. Les transports collectifs nombreux et colorés certes peu performants, rendent un service adapté à une situation économique. Ils associent la mobilité à la sociabilité et à une esthétique pour constituer une culture et une tradition.

La constitution d’une classe moyenne ajoute à cette situation un autre paramètre : la fonction de « drive-in » attribuée à la route dans les secteurs urbains. Cette fonction d’échange commerciaux entre les automobilistes et les marchands arrive à son paroxysme aux abords des marchés. Tous ces facteurs nient toute maîtrise du temps, un fait qui va s’aggraver avec l’augmentation de la motorisation individuelle et qui s’oppose physiquement à l’idée d’un développement économique maîtrisé sur le territoire.

Les plateaux routiers de 9 m qui président à la réalisation des réseaux interurbain majeurs répondent aux besoins dans la situation actuelle et il y répondront d’autant mieux quand des alternatives de parcours seront créées sur les axes majeurs du pays. Par contre pour garantir sur les longues distances une vitesse réelle de l’ordre 50 à 60 km/h il faudra mettre en œuvre une politique systématique de contournement des villes.

Ce sera l’occasion d’un projet urbain basé sur le déplacement et la rationalisation des marchés associé à la création de gares routières et de pôles de services. Sans changer la logique des « TAP TAP » ce dispositif permettrait de mettre en œuvre des réseaux de bus à horaires fixes sur les grands axes d’échanges créés dans le cadre de la reconstruction.

3 - Les pôles de développement
Associer des programmes d’équipement et de service sur des sites stratégiques (3 hectares). En faire des lieux symboliques de la reconstruction, intégrant la pédagogie des risques.

De nombreuses écoles ont été détruites par le séisme. Il y a maintenant l’urgence et la nécessité de reconstruire ce réseau d’éducation à Port-au-Prince bien sûr mais aussi dans tout le pays pour équilibrer les services en fonction de la nouvelle carte démographique d’Haïti. C’est un préalable à toute hypothèse de régionalisation.
Si la construction des écoles est une première nécessité on peut aussi utiliser cette situation pour construire un nouveau réseau de lieux publics intégrant d’autres fonctions et devenant les lieux de référence de la reconstruction et de la gestion des crises.

La réduction de la vulnérabilité climatique sera longue et le pays doit vivre et se reconstruire en intégrant le risque. Les pôles de développement pourraient avoir comme mission complémentaire l’expérimentation et la diffusion du savoir dans une forme accessible à la population.

Le site du lycée de Léogâne construit par l’architecte Mangonès et détruit par le séisme peut être le prototype d’un tel dispositif public étendu ensuite aux principales villes du territoire. Le terrain de 3 hectares, bien situé en bordure de la RN1 comprend encore des logements et un grand amphithéâtre qui ont résisté au séisme. Il intègre aussi de beaux espaces plantés et un terrain de football transformé en site d’accueil pour un camp de toile. Ces lieux sécurisés intégrant des structures de télécommunication modernes et fiables et construits selon les règles de sécurité transmissibles à la population et aux constructeurs, pourraient être les vitrines de bonnes pratiques constructives. Ils affirmeraient dans le pays une maîtrise de la modernité indissociable d’un tel effort de reconstruction.

4 - Les projets intégrés
Introduire dans des sites identifiés et maîtrisés la notion de projets concertés. Associer des problématiques et des méthodologies adaptées à chaque type d'enjeu. Associer dans des projets pilotes les questions environnementales, sociales, culturelles et urbaines sera l’un des axes de la reconstruction. S'ils sont inscrits dans des périmètres bien définis et maîtrisés, ils peuvent servir de laboratoires méthodologiques et opérationnels pour la transformation urbaine.

Le site du parc de Martissant situé à l’ouest de Port-au-Prince exprime parfaitement cette famille de projets. Un décret d’utilité publique a déjà été promulgué autour du parc regroupant l’habitation Leclerc et les résidences Dunham et Mangonès. La gestion de ce projet environnemental et culturel a été confiée à l’ONG FOKAL qui a géré la concertation pour le relogement des familles qui occupaient l’ancien hôtel.

La question maintenant serait de prolonger l’emprise du décret jusqu’à la mer pour développer le projet selon 5 axes de travail :

  • Le traitement hydraulique et paysager des mornes qui surplombent le parc.
  • L’aménagement de ce magnifique espace boisé qui témoigne à lui seul de la luxuriance oubliée de l’île par le saccage systématique des espaces boisés.
  • La restructuration des quartiers collinaires et des ravines qui entourent le parc
  • Le traitement spécifique de ce secteur de la route Nationale 2 que l’on peut restituer dans le cadre général de l’amélioration de la sortie ouest de Port-au-Prince.
  • L’éradication de l’habitat indigne qui occupe une ancienne décharge sur la bande côtière et le réaménagement de ce secteur.

Une ou plusieurs structures d’exécution pourraient dans un temps maîtrisé (10 ans) mener à bien la trans- formation de cette zone d’aménagement concertée.

5 - Les centres villes
Restaurer les centres villes. Utiliser la reconstruction du damier de Port-au-Prince comme laboratoire méthodologique. Les damiers orthogonaux sont les symboles de la structuration historique des villes. Celui de Port-au-Prince s’est progressivement paupérisé. Certaines rues étant envahies par des corporations comme c’est le cas pour les garagistes. C’est maintenant un champ de ruines peu de bâtiments ayant résisté au séisme.
Un urbanisme maîtrisé inscrit dans un parcellaire identifié peut exprimer dans ces situations l'esprit d'un renouveau urbain.

C’est l’occasion de fixer les règles d’un grand projet urbain réalisé rapidement, établi par une maîtrise d’ouvrage unique et associant les propriétaires des terrains dans une structure adaptée en leur laissant le choix de céder leur bien ou de le valoriser dans le cadre d’un projet collectif.

La maille régulière des rues de 15 m de largeur orientées Nord Sud et Est Ouest devrait être conservée mais ces rues doivent être équipées de façon diverses depuis les voies piétonnes jusqu’aux rues passantes. L’esprit de cette nouvelle cité sera donnée par la proportion des façades limitées sans doute à 3 niveaux avec un rez-de-chaussée haut bordé par une arcade continue. Ce rez de chaussée sera divisible en fonction des besoins commerciaux.

Les cœurs d’îlots remplis au fil du temps devraient être libérés pour aménager des jardins et des passages sur lesquels pourraient s’ouvrir des bâtiments légèrement plus hauts 5 à 6 niveaux n’impactant pas le front des rues mais apportant la diversité physique et fonctionnelle à la ville. Certains cœurs d’îlots pourraient aussi être restructurés pour accueillir selon des règles claires et en toute sécurité les corporations qui ont progressivement occupé les rues.

Certains îlots devraient être repensés pour intégrer des squares publics ou des équipements collectifs. La reconstruction du damier de Port-au-Prince serait ensuite le support pour une vaste réflexion sur la restauration et la mise à niveau des centres d’un réseau de villes historiques : Les cayes, Jacmel, Port- au-Prince, Port de Paix, Cap Haïtien, etc.

6 - La question de la bande littorale
Rétablir des liens physiques et écologiques avec la mer. Reconquérir la bande littorale en commençant symboliquement par la capitale. La question des fronts de mer se pose dans toutes les villes. La population haïtienne tourne le dos à la mer et a négligé cette façade jusqu’à en faire un nouveau drame environnemental.

  • Le parc du bicentenaire après la dernière guerre a été la dernière tentative pour reconquérir cette façade. L’extension du Port et la bidonvilisation générale de la bande côtière a détruit ces efforts. Le rapport à la mer va forcément évoluer. La diaspora Haïtienne induit d’autres comportements par une relation liée à l’idée des vacances. La jeune génération de plus en plus mondialisée par les moyens de communication virtuelle intégrera naturellement d’autres standards de vie.
  • La reconstruction de Port-au-Prince et de son centre ne peut pas se faire sans aborder cette question de façon radicale. La ville doit à nouveau s’ouvrir sur la mer.
  • La réhabilitation des quais du port est une nécessité mais son déplacement vers le secteur de l’île à Cabris doit être étudiée en même temps que la restauration des quais.

Ces plateformes libérées offriront pour l’avenir une zone d’aménagement nouvelle à traiter bien sûr en fonction d’une évaluation claire de la prise en compte des risques sismiques. Le déplacement ou la forte restructuration du marché doit s’intégrer dès maintenant à cette réflexion pour construire une promenade de bord de mer digne de la capitale d’un état. Depuis les terrains de l’alliance française jusqu’au quai sud du Port une réflexion d’aménagement doit être entreprise dès maintenant et menée dans le même temps que la reconstruction du damier. Ce travail doit être l’occasion d’une réflexion générale sur la maîtrise de la façade littorale dans toutes les agglomérations de façon à éradiquer définitivement l’occupation des ces sites par un habitat indigne.

7 - L’architecture symbolique
Faire de la qualité architecturale et technique (maîtrise parasismique) un symbole du renouveau du pays. Utiliser la reconstruction du Champ de Mars comme vitrine de cette politique.

Le Champ de Mars est le centre symbolique de l’Etat. La destruction a touché tous les bâtiments publics, le palais présidentiel, les ministères, le parlement, le palais de justice, la DGI, la cathédrale et bien d’autres bâtiments. A cette échelle, c’est une véritable refondation qui est possible en réorganisant fondamentalement la structure de ce lieu. L’espace public et une nouvelle conception du réseau routier seront les premiers actes de cette transformation. C’est l’architecture monumentale qui donnera ensuite son sens à la modernisation de l’Etat.

Le débat est lancé sur les principes de reconstruction du palais présidentiel. La masse imposante de ce monolithe blanc fait partie du lieu, bien qu’il ait déjà été reconstruit cinq fois au cours de l’histoire.

Faut-il le reconstruire à l’identique ou concevoir un projet complètement nouveau ? Dans tous les cas, ce sera l’objet d’un grand concours international et l’exemple qui peut à ce stade éclairer le débat est celui du Reichstag à Berlin où une coupole contemporaine est venue couronner le bâtiment historique réhabilité. Au-delà de ce cas symbolique, le renouveau d’une politique architecturale dans la capitale comme dans tout le pays sera un acte fort de la reconstruction.

Lire aussi :
https://www.haitilibre.com/article-931-haiti-reconstruction-i-les-cites-en-reseau.html
https://www.haitilibre.com/article-937-haiti-reconstruction-ii-decentralisation-et-solidarites-regionales.html
https://www.haitilibre.com/article-941-haiti-reconstruction-iii-les-ports-et-aeroports.html
https://www.haitilibre.com/article-969-haiti-reconstruction-iv-la-gestion-integree-des-bassins-versants.html
https://www.haitilibre.com/article-979-haiti-reconstruction-v-les-economies-regionales.html
https://www.haitilibre.com/article-1003-haiti-reconstruction-vi-le-developpement-des-reseaux-routiers.html
https://www.haitilibre.com/article-1050-haiti-reconstruction-vii-la-question-urbaine-et-fonciere.html
https://www.haitilibre.com/article-777-haiti-culture-futur-centre-culturel-du-parc-de-martissant.html

HL/ CIAT


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Gaspar
Posté le 30/08/2010 15:02:33
Le projet est très bien pensé dans son ensemble puisqu'on a tenu compte des aspects environemental social et même culturel. Le traitement du bassin versant doit s'etendre a toute la périphérie de la ville. (je présume qu'on a pense a un nouveau réseau de drainnage celui construit dans les années quatre vingt s'était sérieusement détérioré) de plus le parc automobile va en augmentant il faudrait prévoir surtout pour les boulevards périphériques une aire d'extension les frais d'expropriation alourdissent le budget quand il s'agit d'élargir une voie de communication
 




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